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La Nouvelle Atlantys

La Nouvelle Atlantys
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18 août 2010

19.

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- « Ah vous voilà enfin..., déclara la femme d'âge mur qui se trouvait devant elle. »

La concernée recula d'un pas, comme percutée par ce nouveau coup de poignard. Son interlocutrice prit cela comme une invitation et franchit le seuil, suivie par sa jeune collègue. Léonor referma la porte derrière elles en laissant trainer sa main quelques secondes sur la poignée avant de faire face aux nouvelles venues.


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Les mains sur les hanches, Kathrine Forshire avait visiblement envie d'en découdre. La jeune femme bascula alors la tête en arrière tout en poussant un petit soupir et s'apprêta à recevoir le sermon du siècle.

- « Vous pouvez m'expliquer Angès ?

- « Vous expliquez quoi ? Demanda la jeune femme d'un air désabusé. Je ne sais même pas ce que vous faites là.

- « Vous n'êtes pas au courant ? Vous ne savez pas que Mme d'Atlantys s'est plainte à l'agence ? »

La jeune femme leva un sourcil.

- « A quel sujet ?

- « Elle a dit que vous étiez tombée sous la coupe des suspects. Il paraitrait qu'une des familles auraient donné un emploi à votre mari. Est-ce-exact ? »

L'interrogée garda le silence. Cela faisait tellement longtemps qu'elle était là et l'ambiance était telle qu'elle n'avait même pas réalisé que cela aurait pu ressembler à un échange de service. Elle ferma alors les yeux et soupira une nouvelle fois.

 

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- « Nan mais dites-moi que je rêve !! »

Léonor ne répondit pas.

- « Mais enfin qu'est-ce-qui vous est passé par la tête !! Vous vous rendez compte de la gravité de ce que vous avez fait ?

- « Maintenant, oui...

- « Mais... »

Kathrine ne savait plus quoi dire. Interloquée, elle marqua une pause avant de reprendre :

- « Et moi qui croyait qu'elle débloquait... C'est le patron qui a insisté pour qu'on vienne alors que je lui avais dit de vous passer un coup de fil... Mais enfin Angès, ca va pas la tête ?"


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Que pouvait-elle bien répondre ? Alors qu'elle cherchait sans conviction ce qu'elle pouvait dire pour sa défense, son regard tomba sur une peluche de Louis, certainement oubliée dans la hâte.

- « Mais enfin que vous arrive-t-il ? » Demanda son interlocutrice qui venait d'apercevoir des larmes aux coins de ses yeux.


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Léonor fut incapable de répondre. La gorge nouée, elle se contenta de se diriger vers l'ourson pour le prendre et l'amener à son visage pour en humer le tissu. Il sentait le bébé. Son bébé. Son bébé qui n'était plus là, qu'elle avait fait fuir avec l'homme de sa vie. Fébrile, elle tourna le dos à sa collègue stupéfaite et monta les escaliers pour rejoindre sa chambre.


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A peine fut-elle assise sur le lit que quelqu'un frappa à la porte.

- « C'est Mia. Je peux entrer ? »

La jeune femme ne répondit pas. Mia brava alors son silence et vint s'installer devant elle.

Une fois à sa hauteur, elle s'agenouilla et chercha le regard de Léonor.

- « Léo, commença-t-elle doucement. Léo... Que s'est-il passé ? »

Puis, devant le mutisme de la jeune femme, elle continua :

- « Léo... J'ai vu la chambre... J'imagine que c'est celle de Louis ? Que s'est-il passé ? Il va bien ? »

Léonor hocha doucement la tête.

- « Et Ryan ? Où est Ryan ? »

Cette question provoqua les sanglots de la jeune femme.

- « Eh eh... Doucement, dit-elle en lui attrapant les mains. Où est-il ? Est-ce-qu'il est blessé ? »

Léonor fit non de la tête avant de répondre, la voix saccadée :

- « Il est parti... »

Mia s'assit alors à coté d'elle et la prit dans ses bras pour la bercer. Au bout d'environ un quart d'heure, Léonor se calma, et son amie en profita pour lui demander :

- « Vous voulez en parler ?

- « Non..

- « D'accord... Est-ce-qu'on peut parler de l'affaire ? »

La jeune femme poussa un soupir agacé avant de renifler.

- « Je sais Léo, je sais. Mais vous n'avez pas besoin de perdre votre travail maintenant. Alors il va falloir faire un effort d'accord ? »

Pour toute réponse, elle haussa les épaules et détourna le regard.

- « C'est sérieux Léonor. Vous valez mieux que ça, on dirait une enfant ! Alors voilà ce qu'on va faire : vous allez prendre une bonne douche, prendre le temps qu'il faut dans la salle de bain, mais une fois sortie, il faut que vous soyez prête à tout nous raconter. C'est d'accord ? Allez... »


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Mia se leva et entraina sa collègue avec elle. Une fois debout, elle écarta des mèches qui collaient au visage mouillé de Léonor. Cette dernière esquissa un faible sourire et dit :

- « Je suis désolée... C'est vraiment une mauvaise période... »

- « Ca arrive.

- « Quand termines-tu ta formation ?

- « C'est pour Septembre.

- « Tu as choisi ton unité ?

- « Pas encore. Mais j'avoue que j'ai une petite préférence pour la verte. Comme mon modèle...finit-elle en un sourire emprunt de candeur.

- « Mia, tu as beaucoup muri ces derniers mois. Ne vois-tu pas que je ne suis pas à la hauteur ? »


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Mia eu alors un geste inattendu : elle prit son ainée dans les bras et la serra fort.

- « C'est grâce à vous que je suis là, et vous êtes un modèle d'intelligence pour nous toutes. » Puis, en desserrant son étreinte : « vous avez juste besoin d'un peu d'aide en ce moment. »


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La douche ne lui procura pas le bien-être escompté. Au contraire, l'air chaud et l'espace confiné de la cabine lui donnèrent rapidement le tournis. Étourdie, elle se contenta d'un brin de toilette et sorti aussitôt celle-ci finie.


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Emmitouflée dans son peignoir, ça n'allait pas mieux. Elle était en train de faire une crise d'angoisse comme celle qu'elle avait faite à Simcity, quand elle avait senti pour la première fois que Ryan était à deux doigts de la quitter. A cette pensée, elle se mis à pleurer, une nouvelle fois.


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Le souffle court, elle tenta de se reprendre. Seulement ses yeux brulés par les larmes ne voulaient rien savoir. Elle était en train de vivre son pire cauchemar : décevoir Ryan, le voir s'en aller avec Louis, et perdre son travail. Orpheline, elle n'avait jamais su comment se comporter au sein d'une famille. Mais une fois que Ryan et elle en avait formé une, même si elle était imparfaite, elle s'était raccrochée à ce noyau et avait fait le souhait secret de ne plus jamais se retrouver seule. Et elle avait échoué. Elle n'avait pas su le garder, et aujourd'hui, sa plus grande angoisse venait de devenir réalité.

« « Mais comment je vais faire maintenant ? » »

Sur cette interrogation, elle s'assit sur le rebord de la baignoire, où elle trouva ses vêtements. Après quelques minutes d'absence, elle les enfila machinalement. Les yeux secs, elle se dit qu'elle pouvait sortir.


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Arrivée à la hauteur de sa supérieure, cette dernière lui dit avec une moue sévère :

- « Ah non, hein... Vous ne sortirez de la salle de bain que lorsque vous aurez une meilleure tête. Allez vous apprêter mieux que ça. Votre air de chien battu va finir par m'énerver... »

Docile, Léonor retourna sur ses pas.


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Machinalement, elle tenta de s'arranger un peu, et essaya même de sourire. Le résultat fut si effrayant qu'elle se promis de ne plus recommencer.


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Elle posa alors ses deux mains sur les rebords du lavabo.

« « Bon... Va falloir se bouger un peu... Tu peux pas te lamenter comme ça pendant dix ans... Arrête de penser à Ryan deux minutes et concentre-toi sur ce qui est urgent : la section rouge dans ton salon. Alors tu vas lui dire que tu as réussi ce que personne n'avait réussi à faire jusqu'à maintenant, trouver de vrais suspects. Ca, c'est pas les mollassons Vasseur qui peuvent en dire autant. Vasseur... Alors eux... » »


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Prise d'un accès de rage, elle sortit furieuse de la salle de bain et descendit les marches 4 à 4 sous le regard ébahit de Kathrine. Elle prit ensuite sa voiture et se dirigea vers le Manoir de Musa.


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Arrivée à destination, elle freina si sec que ses pneus crissèrent.

- « Germain! Hurla-t-elle en guise de sonnette. Germain! »

Sur le seuil, elle ne prit pas le temps d'être accueillie. Elle saisit la poignée et passa la porte d'entrée.

« « Évidemment, les portes sont forcément ouvertes au pays des bisounours. » »


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A l'intérieur, elle tomba nez à nez avec le chef de la police.

- « Ah ! Vous voilà ! Cria-t-elle de plus belle.

- « Mais enfin Léonor, vous êtes chez moi, où voulez-vous que je sois ?

- « Au travail par exemple ?! En train de chercher qui a refroidi l'héritier ? A moins que vous vous en foutiez comme de votre premier chapeau ridicule ?

- « Mais enfin, nous sommes dimanche ! Et puis je ne vous permet pas de...

- « Ah, bah ça m'aurait étonné, tiens ! Alors ça y'est c'est dimanche, alors Nyls, il attendra lundi. Encore faut-il que vous sachiez que dimanche ne dure qu'un jour hein, pas 6 mois !

- « Mais enfin, qu'est-ce qu'il vous prend tout à coup ? »


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- « Il me prend que J'AI trouvé qui avait fait le coup. Et qu'ils étaient sous votre nez depuis le début, et que comme pour vous c'est tous les jours dimanche ou jour férié, eh ben vous n'avez rien vu ! Vous n'êtes qu'un incapable qui a été catapulté à son poste grâce à Papa ! Tiens il est où celui-là d'ailleurs, j'ai deux mots à lui dire...

- « Baissez d'un ton je vous prie, vous allez ameuter tout le monde! »

- « Victorien ! Hurla-t-elle de plus belle. Victorien ! »

Sans réponse, elle bouscula Germain et ouvrit la première porte qu'elle rencontra, à la recherche de l'ainé.


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La première tentative fut la bonne. Sans s'étonner de la posture du vieillard, elle l'accusa à son tour.

- « Et vous là, ils sont où vos petits copains quand on en a besoin ? Vous n'avez pas entendu ce qu'a dit Plènozas ? Ca ne vous a pas été servi sur un plateau peut-être ? Vous attendez quoi pour agir ? A moins que la police secrète d'Atlantys ne soit que dans votre tête ? Ah tiens, on vous entend plus ? Vous avez pris de vrais cachets ? C'est bien ma veine ! »


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- « Vous allez faire peur aux enfants, fit-il calmement en lui faisant un signe pour qu'elle se retourne »


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En effet, les deux adolescentes avaient accouru et questionnaient leur père. Ce dernier pénétra à son tour dans la pièce et ordonna à Léonor de se calmer. La panique des deux filles fit descendre sa colère d'un cran. Elle tourna alors furieusement les talons et sorti du manoir comme elle était venue.


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Quand Germain interrogea son père du regard, celui-ci répondit :

- « Ah ne me regarde pas, j'ai jamais rien compris aux filles ! »


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Léonor fit demi-tour sur la centrale et pris deux fois à gauche pour prendre la route du Domaine des Rivières.


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Elle s'arrêta au bout de quelques mètres et gara sa voiture sur l'allée de garage.


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A peine eut-elle saluée Prys Plènozas qu'elle posa la question :

- « Où est-il ?

- « Edouard ? Il est parti se matin en déplacement... une urgence à ce qu'il paraît...

- « Il a dit où ?

- « A Sim City.

- « Vous avez une adresse ?

- « Euh oui, j'ai l'adresse de son hotel... Mais pourquoi ? Il y a du nouveau ?

- « J'ai surpris une conversation entre lui et Karine d'Atlantys. Ils parlaient du fait qu'ils s'étaient débarassés de Nyls... »


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Léonor regretta instantanément ses paroles. Dans sa détresse, elle agissait sans réfléchir et ne prenait pas en compte celle des autres. Très clairement, Prys n'y était pour rien dans ce qui lui arrivait et c'était même grâce à elle si elle s'était penchée sur le cas de son mari. Alors lui envoyer la vérité en pleine face de la sorte, dans toute sa brutalité, la fit se sentir honteuse.

- « Alors l'adresse ne vous servira à rien, finit-elle par dire.

- « Pourquoi ?

- « Parce-qu'il sait que vous savez. C'était ça l'urgence. » Elle émit un petit rire désabusé. « Et dire que j'espérais encore me tromper à son sujet... Et maintenant, il est loin...

- « Une idée sur l'endroit où il a pu aller ?

- « Non. Vous imaginez bien que je suis la dernière à qui il aurait confié quelque chose... »

La femme qu'elle avait devant elle se décomposait chaque minute un peu plus. Elle devait certainement imaginer le moment où elle devrait dire à sa fille que son père était un meurtrier, à sa famille que son propre mari avait tué un de leur membre, et expliquer à tout Atlantys pourquoi ils n'avaient plus de souverain. Tout cela à cause d'un homme qui ne serait même pas puni. A cette pensée insoutenable, Léonor dit d'un air grave :

- « Prys... Prys, regardez-moi. » Puis : « Je vais le retrouver. Je vous promets que je vais le retrouver, même si ça doit me prendre 10 ans. »


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La jeune femme n'attendit pas de lueur d'espoir, car elle savait que le mal était fait. Elle prit donc congé et se retourna une dernière fois avant d'aller honorer sa promesse. Elle eut l'impression de se voir. Anéantie, et seule. A l'exception près que Prys n'avait pas mérité ce qui lui arrivait. Elle avait été la victime d'un système archaïque qui avait mis dans son lit un homme dont elle ignorait tout et qu'elle avait fini par détester chaque jour un peu plus. Et comme si souffrir en silence ne suffisait pas, il avait fallu que le destin la force à afficher sa détresse en rendant responsable son époux d'un crime impardonnable. Léonor se sentit titillée par un sentiment désagréable : celui de l'injustice. Alors qu'elle-même souffre, soit. Elle avait simplement récolté la tempête d'un vent qu'elle avait semé pendant plusieurs années. Mais que cette femme, qui n'avait rien demandé, qui avait accepté les contraintes imposées sans rechigner par respect pour sa famille, subisse une telle torture...


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C'était tout simplement insupportable.

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22 mai 2010

18.

Suggestion d'écoute

Note : C'est un lien deezer. J'avais vu le procédé sur d'autres histoires et j'avais vraiment trouvé ça bien. En espérant que ça vous plaise... Et surtout, n'hésitez pas à laisser un petit mot, en particulier si c'est pour me donner des conseils  ! ;-)

 

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Fin d'écoute

 

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Léonor souffrait. Elle souffrait autant dans sa chair que dans son âme. Les muscles endoloris par sa nuit sur un sol dur et la nausée provoquée par le déluge de souvenirs l'empêchaient de se lever. C'est dans un état semi-conscient qu'elle entendit ce qui ressemblait au bruit de la sonnette de l'entrée.

 

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Elle poussa un râle lorsqu'elle se mit sur ses coudes. Ses abdominaux la torturaient et ses yeux la brulaient. Une fois sur ses pieds, elle chancela. Le tintement se fit entendre à nouveau. Soudain, un éclair balaya son esprit :

""RYAN !""

N'écoutant plus son corps, elle se précipita dans les escaliers. Ses jambes frêles lui firent encore une fois défaut et elle arriva au rez-de-chaussé sur les genoux. Sans faire attention à cette nouvelle douleur, elle reprit sa course et ouvrit brutalement la porte...

 

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... Pour se retrouver nez à nez avec un visage familier. Ce n'était pas Ryan, et ce qui s'annonçait n'allait rien arranger.

""La section Rouge...""

16 mai 2010

17.

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Il avait été convenu qu'ils aillent prendre une collation à « Mon Quatre Heure » pour récompenser Ryan de ses effort de la journée, avant d'aller se préparer pour l'inauguration du Fever.

- «Ca me fait vraiment plaisir que tu sois venue passer la fin de l'après-midi avec moi, déclara-t-il en tendant une main qui invitait sa compagne à entrelacer ses doigts avec les siens.

- « Moi aussi. Ca faisait longtemps qu'on avait pas pris le temps d'être tous les deux. C'est vraiment idiot, quand j'y pense, d'avoir perdu tout ce temps. Mais maintenant, je te promets que j'ai bien compris. 

- « C'est tout ce qui compte, répondit-il en lui serrant davantage la main.

- « Surtout que je pensais vraiment que ce serait plus difficile que ça ! Quand Louis s'est réveillé, j'ai su lui préparer son biberon, avec le miel, pour le bain, je ne me suis pas trompée de produit, et il m'a même laissée lui nettoyer les oreilles !

- « Sans pleurer ? Demanda-t-il en soulevant un sourcil.

- « Sans pleurer. Parfaitement Môsieur. » 

Puis, toute excitée : 

- « J'en reviens pas moi-même ! »

Ils rirent et la serveuse vint prendre leur commande. Ils prirent le « Quatre Heure du jour » puis reprirent leur discussion : 

- « Loulou est avec qui ?

- « Fany. Je l'ai emmené chez elle parce-que ça l'arrangeait. Avec "vroum-Vroum", biensûr.

- « Elle ne va pas à l'inauguration ?

- « Eh bien si, c'est pour ça qu'elle préférait le garder là-bas. Comme ça elle pouvait passer l'après-midi à choisir sa tenue.

- « Pauvre Loulou... Si jeune et déjà obliger de répondre à la fameuse question « Ca me grossit pas trop ? »... »

Ils pouffèrent, puis Léonor aperçu un militaire qui venait d'entrer dans le salon de thé. Cela lui rappela une remarque qu'elle s'était faite l'après-midi même : 

- « Je ne savais pas que tu étais si proche d'Alexy d'Atlantys.

- « C'est difficile de ne pas l'être ! on a commencé à se parler parce-qu'il profitait de mes entraînements avec Kimy pour se joindre à nous. Il disait qu'il fallait qu'il reprenne une activité physique régulière parce-qu'ils ont des tests d'aptitude à passer quand ils restent un moment hors de la base. Il est d'une simplicité et d'une modestie remarquables. Ca m'a surpris au début, puisque d'après ce qu'on raconte, les gens de la rive droite ne sont pas très abordables. Il suffit de regarder sa femme... D'ailleurs, elle n'avait pas l'air ravi tout à l'heure. De quoi vous parliez ? »

 

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Léonor eu un léger sursaut.

« « Attention, terrain miné. » »

- « Oh, rien de spécial... »

Elle lâcha alors la main de son conjoint et prit son verre pour garder une contenance.

- « Oh allez, Léo... Elle vous a pas un peu crié dessus à un moment ?

- « Je croyais qu'on entendait rien quand on était concentré sur le parcours du combattant de Kimy Reynolds ! Tenta-t-elle habilement.

- « D'habitude... Mais là, il y avait quelqu'un qui attirait constamment mon regard... Une superbe blonde avec des yeux magnifiques et une peau toute douce...

- « Mais alors... Mais alors tu m'as vue, alors que j'étais DERRIERE ton idole ? Demanda-t-elle en feignant de ne pouvoir contenir son émotion et en battant des cils.

- « Qui ? Quelqu'un entre toi et moi ? Pas vu...

- « Si on était pas déjà mariés, je serais en train de te faire ma demande, dit-elle les yeux brillants. »

L'arrivée de leurs assiettes n'interrompit pas leur échange de regard. Si quelqu'un les avait observé à cet instant, il aurait vu des petits coeurs virevolter autour des 2 amoureux tant ils étaient d'humeur romantique. 

 

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Mais à cet instant seulement, puisque dès que l'odeur des crêpes arriva aux narines de Léonor, son estomac fit un de ses « GROUICKS » légendaires ce qui l'obligea à baisser les yeux vers son assiette. Elle attrapa alors sa fourchette et entreprit de piquer dans celle de Ryan.

- « Est-ce-que tu crois que je saurais un jour pourquoi ça a toujours l'air meilleur dans MON assiette ?

- « Hum... fit-elle la bouche pleine, je ne me l'explique pas moi-même ! Tu vois bien quand même que depuis tout le temps qu'on est ensemble, ça change pas. C'est sûr que y'a un truc...

- « Et jusqu'à ce qu'on le trouve, ce truc, je suis condamné à te voir me piquer mon casse-croute ?

- « Hum Hum...

- « Eh bien vas-y, fais-toi plaisir

- « Hum... Merchi. C'est boooonnnn !

- « Tu me passes ton assiette ?

- « Tiens. »

Et il dégusta enfin son goûter.

 

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Alors qu'ils venaient de finir et que Léonor regardait autour d'elle pour savoir si quelqu'un remarquerait si elle lèchait son assiette, son portable se mit à vibrer. C'était un message d'un numéro inconnu : 

« Rendez-vous à la Pâtisserie Petri de la zone commerciale à 19h00. J'ai des informations qui pourraient vous intéresser. »

Ce n'était pas signé.

- « On rentre ? Demanda Ryan.

- « Je te dépose chez Fani. On vient de me donner un rendez-vous qui pourrait m'aider dans mon enquête.

- « Tu ne peux pas déplacer ?

- « C'est un message anonyme.

- « Ne sois pas en retard pour l'inauguration, d'accord ?

- « T'inquiètes, je ne louperai pour rien au monde l'occasion de mettre ma robe préférée... »

Elle fit alors un bisou qu'elle lui envoya en soufflant sur sa main.

 

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- « Je le met où ?

- « Sur ta joue... Ta bouche, c'est pour mes lèvres, répondit-elle de son plus beau sourire.

- « Ah... Eh bien fais vite, que j'ai le temps de profiter de l'essayage ET des bisous. »

 

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La nuit tombait quand elle arriva à destination. Il lui avait fallu ¼ d'heure pour faire le trajet Atlantys – Zone Commerciale. Si elle voulait être rentrée pour 20h, il ne fallait pas traîner ! Elle gara sa voiture le long de la route et alla s'installer dans le jardin pour éventuellement voir la voiture de son informateur.

 

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15 minutes passèrent, et personne à l'horizon. S'il avait fait bon toute la journée, la soirée s'annonçait des plus fraîche. Un frisson la parcouru et elle commença à penser avec angoisse que sa robe préférée ne lui tiendrait certainement pas assez chaud. 

« « J'espère qu'ils chauffent bien... » »

Les phares d'une voiture la ramenèrent à l'instant présent.

« « Ah... Ah ben non. » »

Il s'agissait d'un couple avec un enfant.

 

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10 minutes s'étaient encore écoulées et Léonor commençait à perdre patience. Tandis qu'elle baillait sans retenue,  son portable se mit à vibrer : 

« Un petit contre-temps. Je suis là dans ¼ d'heure. »

« « 1/4 d'heure !! J'aurais juste le temps de voir sa plaque à ce train là ! » »

Elle tapa rapidement des pieds et frotta ses mains contre son pantalon pour se réchauffer. Et alors qu'elle se préparait à attendre sagement, son estomac se manifesta à nouveau.

 

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« « Il fait quand même meilleur à l'intérieur. » »

Puis, jetant un coup d'oeil à travers la fenêtre : 

« « En plus, je vois très bien d'ici aussi. » »

Ne supportant pas bien l'ennui, le corps de Léonor réclamait souvent à manger dans ces moments d'inaction. Heureusement pour elle, ils étaient extrêmement rares.

« « Pfiou... Qu'est-ce-qu'il est bon ce cheese-cake... C'est quand même pénible d'avoir faim tout le temps comme ça. Ca fait quoi... 2 semaines que j'ai des fringales ? » »

Léonor fut interrompue dans ses pensées par la sonnerie de son téléphone.

C'était Ryan.

« « Il doit surement se demander ce que je fabrique... » »

 

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« Allo ? J'suis désolée, la personne m'a dit qu'elle arrivait. Mais ne t'inquiètes pas, j'arriverai à me préparer en ¾ d'heure. Promis juré !

« …

« Ryan... ?

« … »

Léonor jeta un coup d'oeil à l'écran de son téléphone pour savoir si la communication était toujours établie, ce qui était le cas. Elle colla alors de nouveau son oreille contre le cellulaire :

« Ryan... Je ne t'entends pas... Tu ne dois pas bien capter parce-qu'ici le rés... »

Elle entendit quelque chose.  La sensation qu'elle ressentit alors ne lui plu pas du tout. Le bruit se fit entendre une nouvelle fois. Cela ressemblait à un reniflement.

« Ryan... »

La voix de Léonor avait perdu de sa force et tremblotait légèrement. Soudainement très inquiète, elle haussa le ton :

« Ryan ! Ryan ! Est-ce-que ça va ?! »

Elle s'apprêtait à raccrocher et à foncer vers sa voiture quand une voix se manifesta à l'autre bout du fil :

« C'est vrai que... C'est vrai que tu as mis la maison de Kimy sur écoute ? »

La jeune femme reçu l'équivalent d'un coup de poing dans l'abdomen. La respiration coupée, elle ne pu répondre et la question fut posée une seconde fois, toujours sur le même ton  :

« Est-ce-que c'est vrai ? »

La poitrine de Léonor était oppressée, ses mains moites et crispées sur le téléphone.

« EST-CE-QUE C'EST VRAI LEONOR ? AS-TU OSE FAIRE CA ?! »

Elle sursauta. Ce hurlement fit couler des larmes le long de ses joues et intensifia le ruissèlement de sueur entre ses omoplates . Fébrile, elle tenta de rassembler ses forces mais ne pu que répondre en un souffle à peine perceptible : 

« Oui... Mais...

« J'y crois pas... »

Et il raccrocha.

 

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Le temps semblait comme suspendu, son coeur comme paralysé. Ses doigts se relâchèrent et elle regarda le téléphone tomber, tout doucement, puis heurter le sol sans un bruit. Elle n'entendait plus rien, ne respirait plus. Elle se sentie tomber et ferma les yeux.
Mais quelque chose n'allait pas. Elle n'était pas par terre. Elle se sentait secouée, et un son parvint enfin à ses oreilles :
- « Madame! MADAME ! Ca va? »
C'était la gérante de la pâtisserie. Elle la regardait, l'air inquiet.
« « Ryan... » »
Elle ne pouvait pas rester ici. Il fallait qu'elle aille le voir. Sans être encore stable sur ses jambes, elle poussa un peu violemment la gérante et s'élança vers la sortie. Mais ses jambes se dérobèrent sous elle et elle manqua de chuter. Heureusement, elle réussit à se rattraper à une table et repris sa course.

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Son coeur avait repris du service et battait maintenant à tout rompre. Les mains tremblantes, elle réussit difficilement à mettre la clé dans la serrure, puis à mettre le contact.
- « Madame ! Vous ne pouvez pas conduire dans cet état ! »
« « Le drame a déjà eu lieu... » »
A cette pensée, elle éclata en pleurs. Mais il ne durèrent pas. Elle devait avoir les idées claires pour préparer sa défense, et surtout ne pas paniquer. Parce-que ce qui allait se passer n'allait pas être beau.

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Elle avait mis 7 minutes pour rentrer à Atlantys. 
En arrivant, toutes les lumières étaient éteintes, ce qui accentua son angoisse.
Elle ne prit pas la peine de fermer la portière et se rua dans le salon.
- « Ryan ! »

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N'y trouvant personne, elle se précipita à l'étage.
Son cœur manqua encore un battement. Il avait trouvé le boitier et l'avait explosé contre le mur.
Un horrible pressentiment s'empara d'elle. En prenant appui sur la rambarde, elle avança doucement vers la chambre de son fils. La peur la tenaillait et la porte semblait s'éloigner au fur et à mesure que Léonor s'approchait. 
- « Louis... Maman est là... Dit-elle avec une voix faible. »
Elle saisit la poignée : 
- « Maman est... »

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- « Là................. »
Sa voix se brisa sur ce mot.
Appuyée de tout son poids sur la porte qui n'avait pas fini sa course, elle tomba à genou et se mit à pleurer. La pièce était vide. Tout le mobilier avait disparu, ainsi que les livres et les jouets. Seuls les dessins du bambins témoignaient de sa présence. 
Sans aucun espoir mais ayant besoin de vérifier, elle se releva pour se traîner jusque dans leur chambre.

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Elle fit coulisser la porte du placard, et ses sanglots redoublèrent lorsqu'elle aperçut le coté de Ryan. Il était vide et des cintres gisaient négligemment à terre. Etourdie, elle fit quelques pas en arrière et perdit l'équilibre. Cette fois ci, personne ne fut là pour la rattraper et elle s'agrippa au lit en un ultime réflexe. Car au final, elle se fichait bien de se faire mal, puisque tout son être souffrait déjà le martyre. Le souffle court, toute en sueur, elle se sentit partir.
« « Cette fois, tu es vraiment toute seule... »
Et elle perdit connaissance.
8 mai 2010

16.

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Le jour suivant était un samedi, jour de l'ouverture du Fever. Léonor avait décidé de prendre sa journée pour réfléchir aux moyens qu'elle allait employer pour prouver ce qu'elle avait entendu la nuit qui venait de s'écouler. En se préparant dans la salle de bain, elle n'avait pu réprimer un rire franc en se regardant dans la glace : les yeux d'un vert émeraude pétillant, les joues rosées et un sourire invincible aux lèvres, il n'y avait pas de doute, elle était heureuse. Heureuse d'avoir autant de chance, que ce soit en amour ou au travail. Elle avait enfin réussi à démêler cette sombre histoire, ses disputes avec Ryan lui avaient fait prendre conscience de ses priorités, si bien que leur romance avait trouvé un second souffle. Ils retrouvaient la complicité de leurs premiers instants, avec œillades, rires, et séduction, tout cela renforcé par les épreuves qu'ils avaient eu à affronter et qu'ils avaient surmonté. Il fallait bien reconnaître que l'aide de Kimy Reynolds – d'Atlantys y était pour beaucoup, et Léonor lui en était secrètement infiniment reconnaissante. C'est donc avec un cœur gonflé à bloc, des papillons dans le ventre et une nouvelle rage de vaincre que la jeune femme arriva au Domaine des Rivières pour rejoindre celui qui lui donnait des raisons de vivre.


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Après avoir garé sa voiture sur l'allée, elle se dirigea vers le fond du jardin où elle avait aperçu Kimy et son cher et tendre. Tous deux avaient l'air sérieusement occupés, si bien qu'ils ne s'aperçurent de son arrivée qu'une fois à quelques centimètres d'eux. Un homme en uniforme les observait et semblait même participer au coaching. Le pauvre Ryan était tout en sueur et plein de boue, mais cela n'empêcha pas Léonor de le taquiner : 

- « Eh beh alors mon chéri, c'est bien la peine de sermonner Loulou quand il se roule par terre si dès qu'il a le dos tourné tu fais pareil ! »

L'intéressé lui adressa un regard mauvais qui n'eut pas le temps d'être accompagné de paroles : 

- « Allez Ryan ! Si vous entendez ce qui se dit c'est que vous n'allez pas assez vite ! »

Kimy avait dit ça d'un ton sévère qui ne tolérait aucune protestation, si bien qu'il n'avait d'autre choix que de se taire et d'avancer.

Quant à Léonor, elle n'arrivait toujours pas à mettre un nom sur le visage de l'homme qui se tenait près de la vieille femme.

 

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Et puis cela fit tilt. Ce grand sourire franc et cette bonne mine, ce ne pouvait être qu'Alexy d'Atlantys, rencontré quelques semaines plus tôt. Il l'accueillit avec chaleur tandis que Kimy lui adressa un simple « Bonjour Léonor ». 

- « Excusez ma mère, commença Alexy, mais quand elle travaille, elle ne s'occupe que de son poulain.

- « Oh mais il n'y a aucun problème ! Je ne veux surtout pas le ralentir ! 

- « Je pense qu'ils ont bientôt terminé. Si ça peut vous rassurer, dit-il en baissant la voix, c'est même rare qu'elle dise bonjour dans ces moments là. Vous êtes donc dans ses bonnes grâces, finit-il en un clin d'oeil. »

La jeune femme ne pu s'empêcher de se sentir flattée. Décidément d'excellente humeur, elle demanda gaiement : 

- « J'avoue ne pas vous avoir reconnu tout de suite ! Où est passée votre barbe et votre équipement d'aventurier ?

- « Ah vous savez, on ne peut pas toujours être en vacances ! Il faut bien travailler un peu. Et puis... Il paraît que je me fais trop discret, ajouta-t-il en baissant une nouvelle fois la voix et d'un air entendu, faussement sérieux.

- « Je comprends...

- « C'est pourquoi je reste un peu ici. Une semaine ou deux... Termina-t-il en riant. Que voulez-vous, ce n'est pas quand j'aurai un déambulateur que je pourrai traverser la jungle  ou gravir des montagnes... »

Il n'y avait pas qu'elle qui était heureuse. Du moins, même s'il ne l'était pas complètement en raison de ses attaches à Atlantys, il s'attelait sérieusement à l'être et comptait bien profiter de la vie, envers et contre tous. Sur le coup, elle le trouva égoïste. Sa femme, étrangère au Quartier était livrée à elle-même depuis son arrivée, et si elle avait bien compris, il n'avait pas été d'une grande aide avec leur fils. Alors qu'elle venait de terminer sa pensée, Alexy continua, comme pour se justifier : 

- « Surtout que mon père ne pourra pas exercer sa fonction encore longtemps. Donc j'en profite maintenant pour ne pas avoir de regret et rendre tout le monde malheureux. »

Il avait dit ça toujours en souriant, même si son visage portait un voile de tristesse. Léonor eut soudain un élan de compassion pour l'homme qui se tenait devant elle. Ils n'étaient pas si différents, elle et lui. Il était passionné, et malheureusement pour sa famille, il ne vibrait que dans des contrées lointaines, inexplorées, vierges de toute influence moderne. Elle se rappela son émotion lorsqu'il avait raconté ses différentes rencontres avec des autochtones, et même une fois avec un bébé panda qu'il retrouvait régulièrement emmitouflé dans ses draps. Pour lui, son rattachement à une famille prestigieuse tenait plus de la corvée que de la bénédiction. Les propos de Prys lui apparurent alors à elle aussi comme une évidence : pour rien au monde il ne s'entraverait davantage. 

 

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Léonor, ne voulant pas assombrir cette belle journée, demanda : 

- « Mais d'où vient cet instrument de torture ?

- « Alors ça, c'est un concept tiré des camps d'entraînement militaire. Mes ancêtres l'ont construit il y a bien longtemps mais nous l'utilisons toujours ! Je me suis moi-même entraîné dessus et Timothy prépare son entrée à l'école militaire depuis son plus jeune âge en l'utilisant.

- « Tu entends mon chéri ? J'aimerais bien que vous fassiez la course Timothy et toi, pour voir si la nouvelle génération n'est bonne qu'aux jeux vidéos... Vous savez qu'il a été vexé comme un poux la dernière fois, continua-t-elle en s'adressant de nouveau à Alexy.

- « Sans vouloir te mettre la pression Ryan, dit-il en se tournant vers lui, mon fils rampait encore il n'y a pas si longtemps, contrairement à toi. Alors pour l'épreuve du filet, ça va être serré à mon avis. »

Ryan, qui était précisément sous la toile, ne pu s'empêcher de répondre : 

- « Ah mais tu vas pas t'y mettre ! Léo, va voir ailleurs si j'y suis. Tu as une très mauvais influence sur mon coach-assistant.

- « Et tu sais ce que va te dire le coach en chef ? Demanda Kimy.

- « D'avancer si je ne veux pas mordre la poussière, se résigna-t-il »

Léonor ne pu réprimer un fou rire qui menaçait déjà de sortir depuis qu'elle avait vu son chéri se rouler dans la boue. Elle retira sa main de l'avant bras d'Alexy, qu'elle avait posé là quand il s'était moqué et qu'elle avait trouvé ça bien trouvé, et l'appliqua contre son ventre qui lui faisait mal tant elle riait. Son interlocuteur n'était pas plus sérieux, et ils étaient là, tous les deux, rouges et les larmes aux yeux comme deux adolescents fiers de leur bêtise.

- « Je vois que ce n'est pas encore aujourd'hui que je verrai un de vous deux travailler..., dit une voix glaciale »

 

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Dans son euphorie, Léonor ne comprit pas tout de suite. Puis l'ambiance perdit quelques degrés et la vue de la nouvelle venue lui fit l'effet d'une douche froide.

- « Eh bien Madame Angès, vous n'avez pas des poubelles à fouiller, au lieu de perdre votre temps avec mon fainéant de mari ?

- « Karine ! Intima le concerné. Qu'est-ce-qu'il te prend ?!

- « Il me prend que ma maison est transformée en terrain de jeu, que des gens peu scrupuleux profitent des délires d'une personne âgée, et que mon « mari » n'a pas le temps de défaire son sac qu'il doit déjà repartir dans un bidonville ou une forêt vierge pour jouer à tarzan comme un enfant, alors qu'il a des responsabilités chez lui ! »

La tirade avait été énoncée en un seul bloc et le ton était monté au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Alexy ne répondit pas, mais elle pu sentir qu'il serrait fortement la mâchoire pour contenir sa colère. Léonor, quant à elle, la toisait avec calme mais son regard était dur, à l'image de celui de Karine d'Atlantys qui ne comptait pas baisser les yeux. 

- « Et tu as pris le risque de salir tes escarpins juste pour nous dire ça ? Finit par s'agacer Alexy. »

Elle répondit sans interrompre le duel visuel entreprit avec Léonor : 

- « M. Auger vient d'appeler. Il veut te voir pour discuter de ta prochaine mission. Tu sais, celle qui a lieu dans « 15 » jours. Alors qu'on avait dit que tu resterais jusqu'à ce que Timothy ait son diplôme.

- « Laisse Timy en dehors de ça. On sait parfaitement pourquoi tu veux que je reste ici, répondit-il calmement mais non moins amèrement. »

Sur ces mots, il adressa un faible sourire à Léonor, qu'elle lui rendit, puis un regard plein de mépris pour sa femme, avant de se diriger vers le manoir.

 

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Une fois qu'il fut parti, Karine dit d'un ton menaçant : 

- « Vous avez vraiment intérêt à mettre fin à cette mascarade ou...

- « Ou quoi ? Vous allez détruire ma carrière, m'expulser, me donner un coup d'pied ? Se moqua-t-elle.

- « NE LE PRENEZ PAS SUR CE TON, répondit-elle en haussant légèrement la voix.

- « Je fais comme bon me semble, et s'il nous plait, à moi et au « roquet », de venir nous amuser sur ce terrain de jeu, personne ne nous en empêchera.

- « Moi, je vous en empêcherai.

- « Et comment allez-vous faire, depuis votre cellule ?

- « Comment ? 

- « Je sais tout, dit-elle en s'approchant de son visage, et vous entendrez bientôt comme moi le doux son des sirènes qui viendront vous chercher. »

Le regard de Karine se figea.

- « Léo, t'as pris mes affaires ? Demanda Ryan qui venait de finir son entraînement. Oh, pardon, je ne voulais pas vous interrompre... dit-il en arrivant à leur hauteur.

- « Nous avions terminé, répondit-elle »

« « Si je m'en tiens à l'expression de ma proie... » »

27 avril 2010

15.

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Alors qu'elle s'époussetait pour enlever la neige qu'elle avait un peu partout, la sonnerie de son téléphone la fit arriver au pas de course dans le salon.

 

- « Allo ?

 

- « C'est encore moi, répondit Germain Vasseur. Je voulais juste savoir comment ça s'était passé.

 

- « Comme si vous ne saviez pas ! Le taquina-t-elle.

 

- « Oh, c'est juste pour avoir votre version des faits...

 

- « Qu'y a-t-il ? J'ai poussé pépé dans les orties ? Demanda-t-elle, toujours amusée.

 

- « On dirait bien, dit-il pensif. Mais impossible de savoir ce que vous lui avez dit. Il semblait dans tous ses états. Il m'a demandé ce que vous faisiez toujours ici. Et je me suis aperçu que je ne savais pas quoi répondre. »

 

Le ton du chef de la police était différent de d'habitude. Il semblait soucieux et cela interpella la jeune femme.


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-«  Ca ne va pas Germain ?

-« Si, si. Mais les gens commencent de plus en plus à poser des questions sur ce que vous faites. Ils ont l'impression que vous ne trouvez pas de réponse et que vous tapez au hasard en espérant avoir de la chance. »

Léonor leva les yeux au ciel : 

-« C'est tout l'inverse! Et à mon avis, c'est le fait que je ne laisse rien passer qui agace. »

Germain garda le silence avant d'ajouter d'un air las et dédaigneux  : 

-« Et que cherchez-vous à démontrer aujourd'hui? Que les analyses de sang sont falsifiées? Vous allez interroger les Normand? Vous allez faire déterrer le cadavre pour qu'on refasse les expertises? Vous allez les faire vous-même? »

Léonor ne le reconnaissait plus tant il était agressif dans ses propos. Il ne la taquinait plus, et ses attaques la blessèrent car elle l'appréciait plus qu'elle ne voulait le faire croire. Malgré cela, elle détestait qu'on la prenne de haut et lui répondit sur le même ton : 

-« Eh ben vous l'saurez quand vous serez prêt à l'entendre et en dehors des jupes de la rive droite. »

Sur ces mots, elle racccrocha.


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Il avait réussi à l'énerver, elle qui était de si bonne humeur ce jour là. Remontée, Léonor se précipita  sur son ordinateur pour consulter les données concernant Eric Ladopthé.

« « Lui, il ne sait pas encore ce que c'est de se faire chercher les poux... » »

Malheureusement, il n'y avait rien d'interessant. Il payait ses factures, son compte en banque était bien approvisionné, et les numéros composés à partir de son téléphone étaient tous identifiés comme appartenant à ses voisins de la rive droite ou à de la famille. Fani avait donc été quelque peu mauvaise langue en insinuant qu'il pourrait avoir des aventures extra-conjuguales. Cette dernière pensée lui rappela une phrase de Prys Plènozas : « Mon mari aime beaucoup trop les femmes, croyez-moi! ».

« « Bon, et lui alors... » »

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Le dossier Plènozas était autrement plus complet : beaucoup de numéros restaient inconnus, de grosses sommes d'argent se trouvaient dans la colonnne « débit » de ses relevés banquaires, mais ce qui attira le plus son attention, ce fut le dossier « propriétés ». En effet, Edouard Plènozas possédait un certain nombre de commerces, avec notamment le centre commercial, un club à SimCity, et tout récemment, le « Fever », nouvelle boite de nuit qui devait ouvrir ses portes le lendemain soir. Et en-dessous de ces noms, il y avait : 
Atlantyc Center : refusé
Atlantyc Fitness : refusé
Realityc Show : refusé
La liste contenait en tout 14 refus. Ainsi, il ne faisait pas tout ce qu'il voulait, et cela cetainement à cause du conseil d'Administration dont lui avait  parlé Eric Ladotphé quelques heures plus tôt. 
« « En voilà une bonne raison de vouloir être calife à la place du calife... » »
Mais par quel moyen ? Pouvait-il prétendre au trône par le biais de sa femme, malgré ce que tout le monde disait ? Ou allait-il se servir de Ladophté ? Mais était-ce vraiment possible ? En fait, la vraie question était : 
« « Qui va être nommé à la tête du Quartier une fois que tout sera rentré dans l'ordre ? » »
Elle entreprit alors d'agir avec méthode : elle attrapa le livre prêté par François Faivre, prit une feuille de papier, un crayon, et se mit à écrire des noms et à tracer des traits entre eux pour bien comprendre leurs liens. Cela lui prit toute l'après-midi, mais à 18h, elle avait un arbre généalogique, abrégé juste ce qu'il fallait pour qu'il soit comprehensible.

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(cliquez sur l'image)

Ainsi, la plus vieille parente connue originaire d'Atlantys était une certaine Eve, mariée à un Hugues. Ces deux là avaient eu 2 fils : Jorys et Elys. L'aîné a donc été nommé à la tête de la famille, comme tous les premiers nés suivant, et ce jusqu'à Nyls d'Atlantys. Le cadet quant à lui, a été marié à Léopoldine des Rivières et le premier fils de chaque génération nous amène à Alexy d'Atlantys.

« « OK... Donc techniquement, ce serait lui qui devrait être nommé. Mais selon Germain, c'est pas sûr qu'il accepte. Surtout que s'il passe sa vie à l'étranger... Donc les autres doivent calculer leur pourcentage de sang royal. Commençons par Germain, tiens... Descendant de Pryssilia d'Atlantys qui a été mariée à un certain Aurélien Vasseur. Ascendance assez ancienne, donc. La famille Atlantys-des Rivières donne ensuite deux autres héritiers potentiels, qui sont des cousins d'Alexy d'Atlantys : Jack Munrow et Philippe Auger. Leurs chances sont minces, mais quand même... Si on suit la descendance de Jorys, on voit que sa fille Bérénys a été mariée à un Martin des Plaines. Leur lignée amène à Damien des Plaines. Il n'y a ensuite que des enfants uniques, jusquà Morys d'Atlantys qui a d'abord une fille, Prys, puis un garçon, Antonys, aujourd'hui décédé. » »

Léonor se gratta la tête : 

« « Alors là... » »

En effet, si Alexy d'Atlantys refusait, ce serait un vrai casse-tête de trouver l'héritier légitime. « « Mais peut-on vraiment refuser ? Après tout, François Faivre l'a bien fait. Oui mais... » »

La jeune femme fut interrompue dans ses pensées par la sonnerie de son téléphone.


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« Angès.
« Bonsoir, c'est Prys d'Atla... Plènozas. J'aurai besoin de vous parler.
« Votre mari est au courant ?
« Il est absent et n'a  pas besoin de savoir ce que je fais quand il n'est pas là. Pouvez-vous passer dans la soirée ?
« J'arrive tout de suite, répondit la jeune femme qui était ravie de voir quelqu'un qui pourrait peut-être répondre à ses questions. »

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Prys accueillie Léonor du mieux qu'elle pu, mais la jeune femme vit tout de suite que son hôte était bouleversée. Elles se dirigèrent vers un petit salon tout de suite à droite de l'entrée et prenèrent place sur deux très beaux canapés.
-« Je suis navrée de vous avoir fait venir à une heure si tardive, mais... mais j'ai trouvé quelque chose. »
Elle se leva alors et prit une liasse de papier dans un tiroir avant de la tendre à Léonor. Il s'agissait d'un exemplaire de l'arbre généalogique de la famille de Prys.
-« Et qu'avez-vous découvert ?
-« Et bien ça ! Depuis notre dernière rencontre, je ne pouvais plus me résoudre à ignorer mes doutes. Je me suis donc mise à fouiller dans les affaires d'Edouard, pour voir si je trouvais quoi que ce soit qui l'accuse. Et j'ai trouvé cela dans un des tiroirs de son bureau. Comment a-t-il osé ! Finit-elle en haussant le ton.
-« Je ne comprends pas bien... Je croyais que tout le monde vérifiait ses ascendances... En quoi le fait de...
-« Tout le monde sauf moi ! Je me contrefiche bien de tout ce cirque ! Et Edouard le sait parfaitement. Il sait aussi que certains documents ne sont pas consultables par les étrangers.
-« Même marié à vous ?
-« Oui. Sur ce coup là, Damien a été négligent. Je suppose qu'Edouard les a demandé en mon nom, et que par correction, il n'a pas vérifié. »

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Léonor garda le silence un instant avant de dire : 
-« Mais ça prouve juste qu'il surfe sur la vague, pas qu'il est à l'origine de la disparition de votre neveu. »
L'expression de Prys changea du tout au tout : sa mimique sévère laissa place à une bouche tremblotante, ses paupières se plissèrent et elle renifla légèrement : 
-« Sauf que... Sauf que j'ai appelé Damien pour savoir quand il les avaitdemandé... Et... Et c'était un mois avant la mort de Nyls !! »
A ces mots, elle plongea la tête dans ses mains et pleura à chaudes larmes. Léonor, quant à elle, était stupéfaite. 
« « Mais alors... Ses chances seraient si bonnes que ça ? » »
Il fallait absolument s'en assurer. Parce-que s'il n'y avait aucun espoir pour qu'il prenne la tête du Quartier, le mobile disparaissait. Usant de toute la délicatesse dont elle était capable, Léonor sorti l'arbre généalogique simplifié qu'elle avait imprimé avant de partir et demanda :
-« Excusez-moi mais... »
Prys tenta de se reprendre et s'essuya le visage avant d'indiquer qu'elle était prête à l'écouter.
-« Pouvez-vous jeter un oeil à ceci ? Ce sont les informations que j'ai réussi à récolter. Selon moi, c'est Alexy d'Atlantys qui aura les faveurs du conseil d'administration. Mais des rumeurs prétendent qu'il n'acceptera pas. Que savez-vous la dessus ? »

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Son hôte pris connaissance du document et dit en hochant légèrement la tête : 
-« Je sais que s'il y a bien quelqu'un que je respecte pour son intégrité, c'est bien mon cousin. Je ne sais pas si vous insinuez qu'il aurait pu attenté à la vie de Nyls, mais je vous assure que ce n'est pas du tout dans sa nature. Concernant le fait qu'il puisse refuser, eh bien ce n'est pas impossible. Alexy a été berçé durant toute son enfance par les récits de son père, qui avant de prendre ses fonctions de général, voyageait énormément. Cependant, dès qu'il est arrivé à son poste, Charly a laissé tomber les excursions pour s'occuper de sa famille. Ce qui n'est pas le cas d'Alexy, qui dès qu'il y a une mission à l'étranger ou qu'il a des congés, prend son sac à dos et part pour plusieurs semaines. C'est quelqu'un qui n'est pas fait pour rester au même endroit toute sa vie. Il veut bouger, découvrir, vivre des aventures... Alors accepter d'être l'héritier d'Atlantys et mettre sa vie entre parenthèse pour s'occuper de celle des autres... Je ne suis pas sûre que ce soit dans ses cordes. »

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-« D'accord... Donc ni lui ni François Faivre ne sont interessés. Ensuite, j'ai l'impression que ça se joue entre Vous, Germain Vasseur et Damien des Plaines... D'après vous, qui a le plus de chance d'être nommé ?
-« Entre nous trois, je dirais Damien des Plaines.
-« Pourtant, si on regarde la généalogie,  Germain Vasseur a une ascendance plus ancienne. Tout comme Jack Munrow et Philippe Auger, d'ailleurs.
-« Peut-être, mais je pense que le conseil va faire le choix de la raison. Ce n'est un secret pour personne que Germain, aussi gentil soit-il, n'a pas la carrure pour une telle fonction. Quant à Jack et Philippe, Jack est dans la musique, donc autant dire qu'il est à des années lumières de la politique, et Philippe... Philippe est formé pour faire partie de l'état-major, sous le commandement de Charly, puis d'Alexy d'Atlantys. Je vois mal un sub-alterne donner des instructions à son supérieur ! C'est franchement inconcevable. Non vraiment, le seul qui ait toutes les qualités requises, comme la respectabilité, le niveau d'étude, la noblesse du sang, et la carrure d'un homme politique, c'est Damien des Plaines. Mais je doute que...
-« Sauf votre respect, Mme Plènozas, je ne peux me baser sur votre sympathie pour régler cette affaire, répondit la jeune femme chaleureusement. J'ai parfaitement compris où vous vouliez en venir, à savoir le fait que votre mari doive s'expliquer sur certaines choses. Mais très franchement, le fait que Damien des Plaines soit l'Héritier potentiel le met au même titre que les autres sur la liste noire. Et pour 2 raisons supplémentaires : la première, est qu'il a toujours eu accès à la généalogie du quartier, et la seconde, je trouve qu'il avait l'air plutot ravi de me dire au-revoir quand je l'ai vu. Honnêtement, vous êtes une des rares a vouloir connaître la vérité. Votre mari, bon, vous savez qu'il est louche, son petit copain Ladopthé est trop mielleux pour être honnête, Germain me pousse vers la sortie depuis que je suis arrivée, Karine d'Atlantys, n'en parlons pas... S'ils étaient tous comme vous, ...
-« S'ils étaient tous comme moi, Nyls serait encore vivant, termina Prys amèrement. »
Léonor poussa un soupir.
Puis, en regardant l'heure de la pendule qui tronait dans la pièce et se levant : 
-« Je vais devoir y aller, mais je vous tiens au courant. Si vous apprenez quelque chose d'autre...
-« Je vous le dis. Merci beaucoup. Merci de ne pas avoir abandonné alors que tout vous poussait à le faire.
-« Je vous en prie. Je ne fais que mon travail. »
La jeune femme n'avait pu s'empêcher de poser une main réconfortante sur le bras de Prys. Cette dernière lui adressa un sourire triste mais plein de reconnaissance.

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Il était près de 20h quand Léonor arriva devant chez elle. En passant, elle aperçu Anaïs qui sortait les poubelles lui faire signe. Elle gara alors sa voiture et se dirigea ensuite vers la maison voisine.

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-« Ca a pas l'air d'aller, remarqua Léonor une fois installée à coté de son amie.
-« Bof... Le boulot quoi... Véra est vraiment quelqu'un de gentil, mais c'est un vrai tyran par moments...
-« Véra comme Véra Harflaural ?
-« Oui pourquoi?
-« La même qui a beaucoup de succès avec les hommes ?
-« C'est joliment dit... Oui, c'est elle. 
-« Tu ne sais pas par hasard si elle fricoterait avec Edouard Plènozas ?
-« Non, je sais pas. Pourquoi?
-« Bof... Parce-que ça m'arrangerait.
-« Désolée de te décevoir, mais je ne pense pas. On m'a dit une fois qu'il avait des aventures, mais que ses maitresses se trouvaient à SimCity pour ne pas avoir de problèmes. »

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-« Ah oui?
-« C'est ce qu'on m'a raconté... Maintenant, ça reste des ragots.
-« Et avec Eric Ladopthé ?
-« Encore moins ! C'est le stéréotype du bon père de famille.
-« Ah... Et Damien des Plaines ? »
Anaïs se mit à rire : 
-« Mais que cherches-tu au juste ? Au lieu de tourner autour du pot.
-« Je ne peux pas trop t'en parler pour l'instant, répondit la jeune femme d'un air las. Il me faut des gens qui parlent, il me faut des preuves. Et j'ai rien... Que des soupçons... »
-« « Il faut que je me rapproche d'elle... Il faut que je sache ce qu'elle sait, qui elle voit, et... Et qui lui en veut. » »

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Redressant la tête, Léonor demanda : 
-« Elle est pas trop appréciée dans le coin non ?
-« Pas trop. Pourquoi ? »
Léonor se mit à sourire. Pas étonnant qu'elle en sache autant sur les gens ! Anaïs répondait quasiment à autant de questions qu'elle en posait.
-« Parce-que, pour des raisons que je ne te donnerais pas pour l'instant, ça peut-être interessant de savoir si quelqu'un lui en veut  personnellement.
-« Mais pourquoi ? Insista-t-elle en fronçant les sourcils
-« Mais parce-que quand on aime pas quelqu'un, on en fait une obsession. On écoute tout ce qui se dit à son sujet, en particulier le négatif, on l'observe davantage, et pour les moins équilibrés, on fait même des enquêtes sur lui, plus ou moins poussées, en fonction de la taille du porte-monnaie le plus souvent. Alors ?
-« Hum... Fit-elle en terminant de macher son biscuit, c'est vrai qu'elle n'est pas très populaire, surtout auprès des femmes. Tu sais pourquoi.
-« T'en connais une en particulier ?
-« Non... Il n'y a jamais eu d'exclandre. C'est plutot une espèce de méfiance de la part des femmes de la rive droite.
-« Mais d'où elle vient cette réputation ? Y'a forcément eu un événement déclencheur !
-« Ca remonte à son adolescence. Tu sais que les ados adorent défier l'autorité. Eh bien à l'époque, elle était LE jeu dangereux. Etant belle, pas farouche et avec une langue bien pendue, passe moi l'expression, elle a attiré quelques REDS dans ses filets.
-« Ah oui ? Tu as des noms ?
-« Euh... La plus part sont à Sim City. Ici, il n'en reste qu'un je crois. Je ne me souviens plus de son prénom. C'est un Auger. Mais c'était y'a longtemps. T'en veux ? Demanda-t-elle en tendant son paquet de gâteaux. »

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Après avoir pris les cookies, Léonor enchaina : 
-« C'est vrai que ça remonte à loin... Soit ils se voient toujours, soit ils ont vraiment la rancune tenace !
-« Je ne sais pas... Mais y'a un élément en plus... »
La bouche pleine, Léonor haussa les sourcils d'un air interrogateur ce qui poussa son amie à continuer : 
-« Je ne sais pas si tu sais, mais je ne suis pas la seule mère célibataire d'Atlantys. Véra a une fille dont personne ne connait le père. »
La jeune femme failli s'étouffer : 
-« Ah bon ?
-« Oui. Et je pense que toutes celles qui la regardent de travers redoutent le moment où elle va faire valoir les droits de sa fille sur une des fortunes. »

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Léonor prit ( délicatement ) un autre gateau, et se mit à réfléchir : 
« « Alors ça, c'est un fait nouveau. Même si ça m'étonnerait que cela ait un rapport avec Nyls d'Atlantys, y'a un certain nombre de femme qui doit s'être renseigné sur la gazelle. Exactement ce que je cherchais ! » »
Puis elle fronça les sourcils avec un air renfrogné : 
« « Sauf que dans ce cas précis, c'est surement pas dans leur intérêt de balancer... » »
Elle poussa alors un petit soupir las et s'avachit un peu sur le sofa. Elle entendit alors deux voix féminines qui venaient des chambres.
-« Alice est avec une copine ? s'enquit-elle.
-« Oui. Avec la petite Ladopthé. »
Léonor se redressa d'un coup : « « Hein? » »
Elle n'eut pas le temps de poser ses milles autres questions. Les voix au travers de la porte s'étaient intensifiées, jusqu'à ce qu'elle perçoive un : 
-« ANGELINA, TU ME LAISSES TRANQUILLE MAINTENANT !! »

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La seconde d'après, une jolie adolescente au teint mat et ressemblant trait pour trait à Eric Ladopthé sorti de la chambre l'air crispé. S'arrêtant à la hauteur d'Anaïs, elle dit : 
-« Il va vraiment falloir faire quelque chose ! C'est pas à 55 ans sans toutes ses dents qu'elle va pouvoir profiter de la vie ! Elle a 17 ans et vit comme une nonne ! Vous savez Anaïs que c'est à notre âge qu'on fait des bêtises, parce-que après, on va en prison. Vous le savez non ? »
En guise de réponse, Anaïs se mit à rire avec affection.
-« Mais tu sais bien qu'elle est comme ça ! Déjà que tu as du mal à la sortir de ses bouquins le week-end, alors un soir en semaine...
-« SURTOUT QU'IL Y EN A QUI DOIVENT TRAVAILLER POUR EVITER UN JOUR DE CREVER DE FAIM! »
Sur ces mots, la porte de sa chambre fut brutalement fermée.
La scène était sur-réaliste : elle se trouvait avec la fille d'un suspect potentiel qui dénotait en tout point avec le modèle paternel, notamment en parlant de dévergonder une première de classe qu'elle n'avait pas le « droit » de fréquenter.
Puis, comme si elle venait de s'apercevoir qu'il y avait un visage étranger dans la pièce, l'adolescente demanda : 
-« Ah, bonsoir. Vous êtes Léonor Angès non ?
-« Euh, c'est ça...
-« Enchantée ! Angélina Ladopthé, répondit-elle en tendant la main. »

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Léonor saisi la paume offerte en se levant. Anaïs se leva pour aller voir sa fille, si bien que la jeune femme se rassit à sa place quand la jeune « hooligan » vint s'assoir sur le canapé.
-« Alors ? Vous en êtes où ? Demanda l'adolescente sans plus de forme.
-« Beh, j'avance, répondit-elle quelque peu décontenancée.
-« Vous avez des suspects ? »
« « Oui, ton père... » »
-« Je suis sûre que mon père est sur la liste. »
Léonor n'en revenait pas. Elle avait dit ça d'un air complètement détaché. Mais qui était donc cette fille ?
-« Qu'est-ce-qui te faire dire ça ?
-« Bah c'est évident ! L'héritier est mort et c'est mon père qui gouverne Atlantys. C'était dans son intérêt qu'il disparaisse.
-« Mais... Tu te rends compte de ce que tu dis ?
-« Parfaitement. Mais c'est parce-que je sais qu'il y est pour rien... Enfin... Que c'est pas lui qui a commandité le meurtre. Si bien sur s'en est  un. Mais comme vous êtes toujours là...
-« Uuuuunnnnne petite minute jeune fille. Et pourquoi il ne l'aurait pas fait ? Le mobile y est ! Tenta-t-elle en jouant le jeu de sa téméraire interlocutrice.
-« Parce-que mon père est peut-être un con, mais c'est pas un meurtrier. »

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La jeune femme haussa de nouveau les sourcils.
Alors qu'elle allait posé une question, Alice fit son entrée dans la pièce et se mit à tisonner le feu en maugréant : 
-« Il fait un froid de canard dans cette maison. »
Elle retourna ensuite dans sa chambre en leur « demandant de faire moins de bruit parce-qu'elle était obligée de laisser la porte ouverte et qu'elle avait beaucoup de travail. »

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De nouveau seules, Léonor reprit : 
-« C'est un peu léger comme preuve...
-« Ah mais c'est pas une preuve, c'est un témoignage.
-« Ah... C'est gentil à toi. Et je peux te poser des questions où tu préfères commencer par les réponses ? Demanda-t-elle en un sourire amusé.
-« On va s'amuser un peu ! Vous me dites si je me trompe : vous ne savez pas ce qu'une fille comme moi peut bien faire ici à cette heure de la nuit, vous vous demandez comment une pomme peut-elle tomber si loin de l'arbre, et vous êtes à la recherche de faits d'ordre personnel pour faire chanter des gens afin qu'ils disent ce qu'ils savent sur la disparition de Nyls.
-« Je suis impressionnée ! Même s'il y a quelques petites nuances à apporter...
-« J'vous écoute.
-« Déjà, c'est vrai que d'après ce que l'on m'a dit, les REDS ne fréquentent pas les REGS. Alors je vais faire court : que fais-tu ici ?
-« Je ne suis pas originaire d'Atlantys, mais de SimCity. Là-bas, il y a des riches et des pauvres, comme partout, mais au moins y'a un minimum de fait pour ce qu'ils appellent la promotion sociale. Vous-même, vous n'appartenez à aucune élite, et pourtant vous êtes allée à l'université pour faire votre métier, non ?
-« Oui. C'est vrai que j'avais remarqué que les personnes de ce coté-ci étaient nettement moins aidées qu'ailleurs.
-« Et encore ! Heureusement que François Faivre est là ! Il est à l'origine de beaucoup de bonnes choses ici. A commencer par Alice !
-« C'est à dire ?
-« Beh elle a pas de père et sa mère n'avait rien quand elle est née. Je sais pas trop pourquoi, mais j'ai l'impression que les Faivre ont toujours été proches de la famille d'Alice. Antoine et Anaïs sont très proches, Sébastien et Alice sortent ensemble... Bref, leur amitié est très précieuse pour elles puisque sans eux, elles auraient dormi sous les ponts.
-« Je ne savais pas...
-« Et puis Sébastien met tous les moyens matériels à la disposition d'Alice, pour... Vous savez, dit-elle en baissant le ton, l'université.
-« Comment ça ?
-« A l'heure d'aujourd'hui, Alice peut pas y aller. Mais si le projet est mis en place, elle pourra être étudiante dès l'année prochaine ! Continua-t-elle, toujours sur le ton de la confidence. Et là-bas, y'a des bourses de mérite. C'est pour ça qu'elle travaille autant. Il faut qu'elle gagne sa place. Et franchement, elle va pas la voler. C'est pour ça que c'est mon amie. Parce-qu'elle a la gnack et qu'elle ne laissera personne la détourner de son objectif. 
-« D'accord... Et pour l'histoire de la pomme... ? »
Angélina émit un petit rire.
-« C'est la question que se pose mon père. Il se demande comment il a fait... Non, plutot ce qu'il a fait pour avoir une fille pareille... Vous pouvez pas savoir comme il peut m'énerver. Il joue au père modèle devant les gens, mais à la maison, on le voit jamais. Tout ce qu'on connait de lui, c'est sa morale et ses leçons. Alors soi-disant, on doit être polie et ne pas répondre quand on est bien élevée. Mais ne pas répondre chez lui c'est ne pas parler du tout quand on est une fille. Je trouve ça insupportable. Alors voilà pourquoi j'suis loin de l'arbre. Parce-qu'il ne me plait pas.
-« D'aaaaccccoooorrd... Eh bien ça a le mérite d'être clair... Alors, quant au chantage, eh bien je ne fais chanter personne...
-« Mais bien sur que si !
-« Mais non ! Mais...
-« Et pourquoi vous posez des questions à Anaïs en plein milieu de la nuit alors ? C'est bien pour des ragots ? Et c'est bien pour les utiliser ?
-« Mais... Euh... Beh... C'est plus subtil que ça...
-« Mouais... Enfin bon. J'ai tout juste non ? »
Léonor se mit à rire en guise  réponse.
« « Quelle fille épatante ! » »
Vu l'heure tardive, elle ne broncha pas quand l'adolescente prit congé pour rentrer chez elle. Comme une jeune fille de la rive droite, elle commanda un taxi qui la ramena au domaine familial.

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De son coté, Léonor était partie également, car il était quand même minuit passé. Evidemment, tout le monde était couché. En se préparant pour aller au lit, elle n'avait pas pu s'empêcher de sourire en repensant à l'énergumène qu'elle venait de rencontrer. Vu sa vivacité, elle devait en savoir beaucoup sur les habitants du coin et elle se promis de lui parler à nouveau. Alors qu'elle venait de mettre son portable en mode vibreur, l'écran de celui-ci s'alluma et deux numéros séparés par une flèche clignotèrent. Elle reconnu tout de suite le second et se precipita dans le couloir pour pouvoir écouter la conversation.

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Elle ne reconnu pas tout de suite la voix de la femme, mais l'homme à l'autre bout du fil lui était parfaitement familier : il s'agissait d'Edouard Plènozas. En effet, ayant mis le téléphone de ce-dernier en surveillance grâce au logiciel de Victorien Vasseur , elle avait déjà intercepté ses précédents appels, qui ne lui avaient rien apporté. 
' J'ai eu Eric... Il m'a posé de drôles de questions, dit la femme.
' J'ai entendu dire que la Angès était passée le voir. Elle commence à être pénible celle-là.
' Je sais bien. Et encore, tu verrais au domaine, son mari est le nouvel animal de compagnie de la vieille Kimy. Elle ne sort plus sans son roquet...'
« « Ca m'aurait étonné... Karine d'Atlantys » »
' Bon, et Eric, que t'a-t-il dit ?
' Il m'a demandé si Alexy allait bien refuser l'offre, et si je savais qui allait être nommé.
' Mais enfin ! On en a discuté 40 fois !
' Je sais... Mais c'est comme  si il avait des doutes...
' Des doutes sur...
' Eh bien sur ce qu'on lui a dit. En fait, vu la tournure de ses questions, je crois qu'il se demande si ce n'est pas toi, par Prys, qui va être nommé.
' Nan mais c'est pas vrai... Qu'est-ce-qu'elle lui a dit cette fouille-merde ? Tu vas pas me dire qu'on a réussi à se débarasser de Nyls pour que cette abrutie vienne tout saboter !'

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Léonor n'en croyait pas ses oreilles. Le mot était lâché. Elle savait. C'était le trio infernal qui avait frappé. Elle ouvrit la bouche comme pour crier mais en retint les sons. Elles fit des mouvements rapides avec son bras en mimant des « yes yes yes ! ». Elle tourna sur elle-même, fit des petits bons, se mordit la lèvre, mais toujours en faisant attention à ne pas faire de bruit. Elle savait. Enfin. Et alors qu'elle courait sur place, une voix la fit faire un bon, mais de deux mètres celui-ci : 
-« Mais qu'est-ce-que tu fais ? »

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Ryan se trouvait là, sur le pas de la porte de leur chambre, et il ne savait pas s'il fallait rire ou appeler des renforts.
Interdite, elle avait raccroché rapidement, mais le téléphone à la main, elle ne savait pas quoi dire. Elle était toute excitée, et à la fois mortifiée car elle ne pouvait décemment pas dire que ses soupçons à propos de Karine d'Atlantys, bru de Kimy Reynolds, étaient fondés. Parce-que ça reviendrait à dire qu'elle l'espionnait, et ça, il ne fallait pas que ça se sache. Elle était donc là, toute penaude, à chercher une excuse.
-« J'ai oublié d'éteindre l'ordinateur, dit-elle en se dirigeant vers la machine.
-« Et c'est pour ça que tu faisais des grands gestes, toute seule dans le noir ?
-« Ah mais ça c'est pour me fatiguer. J'arrive pas à dormir. »

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Il s'avança alors vers elle, un grand sourire aux lèvres, la  colla contre lui et lui sussura à l'oreille : 
-« Si c'est que ça... Je connais plein de moyens pour te fatiguer... »
Il l'embrassa alors dans le cou après lui en avoir oté les cheveux en une caresse, laissa glisser ses mains le long de sa nuque, de son dos, puis exerça une pression sur ses fesses pour coller son bas ventre au sien. 
Alors qu'elle se laissait aller sous les caresses de son mari, Léonor commença à se détendre et à répondre à ses avances. 
Il la pencha légèrement vers l'arrière pour l'embrasser, sur ses lèvres, son menton, son cou, entre les seins, puis il s'arrêta.
Avant qu'elle ne comprenne, il dit : 
-« Les bons gâteaux de Mamie Monique ? »

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Son sang ne fit qu'un tour. Elle se redressa brusquement et se jeta sur lui, redoublant d'ardeur coquine. Mais c'était peine perdue, car il ne pouvait s'empêcher de rigoler.
-« Oh mais ma chérie tu es trop mignone... Alors comme ça tu vas faire des gâteaux ?
-« Seulement si t'es sage. Allez viens me fatiguer.
-« Mais nan mais attends... Faut que je vois ça.... dit-il en se dégageant de son étreinte pour aller sur l'ordinateur. »
Elle tenta de le retenir, de l'empêcher de s'assoir, mais il était plus fort qu'elle. Il la tint en respect avec un bras tendu et en riant, pendant que le PC sortait de sa veille.
Prise de panique, elle retira prestament sa chemise de nuit et lui jeta sur la tête. Une fois qu'il l'eut enlevée, elle lui désigna son corps nu et lui dit : 
-« Tu vois ça ? Eh bien c'est maintenant. Dans 2 secondes j'ai pris mes basquettes pour faire un footing.
-« J'arrive. »
Il fit un bond vers elle, la souleva pour la porter et l'emmena dans la chambre.

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C'était moins une.
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21 avril 2010

14.

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Après avoir téléphoné à la nounou et rangé son matériel d'espion, la jeune femme avait pris la voiture en direction du domicile du fameux Ladopthé. Après un petit coup de fil à son « ami » Germain Vasseur pour en connaître l'adresse, Léonor arriva à destination. La vue du manoir lui arracha un petit sifflement d'admiration, et l'idée que l'on puisse lâcher un tel privilège sans se battre lui paru peu probable.


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Lorsqu'elle sonna à la porte, elle fut accueillie par Madame Ladopthé elle-même, qui collait parfaitement au portrait dessiné par Fani quelques instants plutôt. Ceci dit, une belle femme se cachait quand même sous cet affreux tailleur, cet air austère et cette coupe démodée. En effet, elle avait de magnifiques yeux bleus qui ne demandaient qu'à être mis en valeur. Pendant qu'elle détaillait point par point son interlocutrice, Léonor se présentait comme à son habitude. Elle s'apprêtait à demander une entrevue avec Eric Ladopthé, quand une voix masculine se fit entendre : 
« Sylvana !  Tu sais où est encore passée Angélina ? Ca fait 3 fois que...
« Nous avons de la visite chéri... »


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Un homme d'une quarantaine d'années apparut alors, et Léonor se présenta à nouveau.
« Et en quoi puis-je vous aider ? Demanda-t-il une fois qu'elle eut terminé.
« Etant donné que vous êtes en charge du Quartier, j'aurais quelques questions à vous poser.
« Eh bien venez donc vous asseoir. »
D'un geste poli, il l'invita à pénétrer dans le salon. En jetant un coup d'oeil sur sa droite, elle aperçut ce qui devait être la salle à manger, au fond de laquelle trônait une cheminée magistrale. Cheminée qui était allumée et qui lui envoyait des vagues de chaleurs très agréables.


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Il n'y avait pas que la cheminée qui en imposait. Le salon était magnifiquement meublé et décoré par des objets tous plus précieux les uns que les autres. Très à l'aise sur le divan, la jeune femme se lança : 
« Pour commencer, j'aimerais savoir depuis combien de temps vous êtes en fonction.
« Eh bien ça va faire 11 ans maintenant.
« Pouvez-vous m'expliquer les circonstances de votre arrivée ?
« J'étais membre d'un petit parti politique à SimCity, et je m'étais fait remarquer à l'occasion de quelques interviews télévisées. J'ai été contacté par Edouard Plènozas pour assurer la régence du Quartier en attendant la prise de fonction de l'héritier, qui était mineur à l'époque.
« Quels étaient les termes du contrat ?
« Je vous l'ai dit : il s'agissait de diriger Atlantys pendant quelques années.
« Mais cela n'était pas frustrant de savoir qu'un beau jour, tout cela allait disparaître ?
« Eh bien non, parce-que je trouvais que c'était déjà une belle opportunité. Et puis rien n'est perdu !  Toutes ces années de gestion m'ont beaucoup apporté et je pourrais me servir de cette expérience pour des projets futurs. »


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« Et ils vous ont mis à la tête du Quartier comme ça ? Livré à vous même ?
« Non, pas tout à fait. Ils ont fait appel à moi parce-que personne n'était apte à diriger Atlantys, et ce parce-que seuls les membres de la famille principale d'Atlantys reçoivent la formation adéquate. La politique externe leur est tout à fait étrangère, comme la gestion du territoire, la communication, la diplomatie... En revanche, je ne fais pas ce que je veux. Il y a un conseil d'administration qui est majoritaire dans toutes les décisions. Au final, je propose, et ils décident. »
« Pouvez-vous me donner les noms des membres du conseil ?
« Oui... il s'agit d'Irène d'Atlantys, de Charly d'Atlantys, de Germain Vasseur, de Romain des Plaines et de François Faivre.
« Et comment cela va se passer, maintenant que le dernier Atlantys est décédé ? Demanda Léonor en marquant les noms précités sur un papier. Allez-vous rester en fonction ?
« Ce n'est pas encore décidé. Il faut attendre qu'Irène d'Atlantys fasse enfin son communiqué sur la disparition de son petit fils. Le conseil ne pourra se réunir qu'après cela. »


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« Quels sont vos rapports avec Edouard Plènozas ?
« C'est un ami pourquoi ? Demanda Eric surpris par ce changement de sujet.
« Vous vous connaissiez avant de venir à Atlantys ?
« On s'était croisé. Il connaissait mon travail, et je pense que c'est pour cela qu'il est venu vers moi.
« Il vous a donc parlé du fait qu'il pourrait diriger Atlantys, qu'il était un héritier potentiel ? »
Ladopthé fronça les sourcils : 
« Non, mais de toute façon, ce n'est pas possible. Il faudrait qu'il passe par sa femme, et une femme ne peut pas gouverner ici.
« Mais les choses peuvent changer... Avant votre arrivée, personne ne croyait qu'un étranger pouvait diriger le Quartier. »
Cette éventualité paru le troubler. Puis, soudainement, son visage changea d'expression :
« Quoiqu'il en soit, si cela devait arriver, je ne pourrais que m'en réjouir. Les Plènozas sont chez gens très bien, et je suis sûr qu'ils exerceraient leur fonction avec beaucoup d'humanité. »


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« « Mais biensûûûûrrr.... » »
Avant que Léonor n'ait eu le temps de poser une autre question, Ladopthé reprit la parole : 
« Très bien, j'espère avoir répondu à vos questions... Etant attendu dans moins d'une heure à l'autre bout du Quartier, je vais devoir vous laisser.
« Je vous en prie. Merci pour votre temps, Monsieur Ladopthé.
« Ce fut un plaisir. Et bonne chance pour votre enquête. »
Sur le pas de la porte, Léonor arbora de nouveau son sourire préféré : le satisfait.
Contente d'elle-même, elle se hâta jusqu'à sa voiture pour rentrer chez elle.


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Une fois arrivée, elle s'était dépêchée d'aller se changer car la neige avait mouillé son pantalon et ses chaussures. En redescendant, elle entendit Ryan, qui était rentré, appeler son prénom. La jeune femme sourit devant la posture peu discrète qu'avait pris son mari.


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Jouant le jeu, elle accepta de le rejoindre, et fit même semblant de regarder dans la direction que lui indiquait Ryan : celle d'un soi-disant pigeon bleu.


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Les échanges de boules de neige se terminèrent en bagarre, tous deux roulant dans la neige et essayant de mettre à l'autre de la poudre glacée dans le cou ou sur le ventre. Léonor brava l'interdit d'en mettre dans le pantalon, ce qui lui valu une grosse boule de neige entre les 2 omoplates.


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Leur jeu de mains et de vilains (surtout vilaine...) se termina quand Ryan entendit Louis pousser des cris de désespoir dans son lit, où il venait de faire sa sieste. 
Allongée seule dans la neige, Léonor apprécia ce bref instant de bonheur : elle se sentait extrêmement proche de la vérité, qui semblait fortement liée à Plènozas et Ladopthé. Le médecin avait dit que Ryan était entièrement guéri, et le fait qu'il ait continué à s'entraîner avec sérieux lui donnait de très bonnes chances de retrouver son niveau en peu de temps. Du coup, il était heureux, et du coup, il était encore plus amoureux, et du coup, Léonor était aux anges.

21 avril 2010

13.

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Après avoir ingurgité le contenu de son bol et avoir mis son fils au lit pour la sieste, elle entreprit la lecture de l'ouvrage aimablement prêté par François Faivre. Lorsqu'elle attrapa le livre, elle en fixa quelques instants la couverture. Celle-ci représentait un dragon. Si ses souvenirs étaient exacts, il lui semblait que c'était une reproduction des étendards placés de chaque coté de la porte d'entrée, mais également dans le salon du Domaine Faivre. Cela n'était pas sans lui rappeler ceux du Domaine d'Atlantys, qui eux représentaient un lion. Très clairement, les deux familles étaient rivales, et elle fut soudainement très curieuse de savoir depuis quand et dans quelles circonstances leurs intérêts étaient entrés en conflit.
Quelques heures plus tard, Léonor était plus agacée que soulagée : il y en avait partout. Des Atlantys, des Faivre, des Plaines, des Auger, des Munrow... Autant de noms que d'inconnus. Elle tenta à plusieurs reprises de se projeter mentalement des arbres simplifiés, mais il y avait toujours un Jonathan ou un Steven pour lui compliquer la tâche ; ce qui l'obligeait, comme pour les moutons, à repartir de zéro.
Les yeux fatigués et à bout de patience, elle finit par basculer la tête en arrière et s'octroya quelques minutes de pause. Peine perdue. A peine avait-elle baissé les paupières que la sonnerie de son téléphone portable la fit sursauter.


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Comme pour achever de la mettre de mauvaise humeur, il s'agissait de Victorien Vasseur qui lui donnait rendez-vous à la sortie gauche du pont d'Atlantys, à 21h30 ce soir là. Inutile de vous dire que l'objet du rendez-vous ne pouvait pas être énoncé au téléphone, mais que c'était d'une importance CA-PI-TALE. 
« Tu vas voir qu'il va m'emmener faire du patin à glace et manger des pop-corns... Avait-elle dit à Ryan en lui posant un bisou sur le front avant de partir.
« Tu m'en ramènes ? » Avait-il ajouté, taquin.


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La jeune femme avait cru défaillir. Certes ce n'était pas du patin à glace, et ils ne mangeaient pas de pop-corn – bien que la soirée ne fut pas finie – mais elle n'en revint pas d'avoir envisagé de le prendre au sérieux. Il était là, au milieu de la piste d'un centre d'amusement de la zone commerciale d'Atlantys, en train de faire les yeux doux à une femme qui aurait pu être sa fille. Interdite, elle ne le fut qu'un instant. Car il ne fallut que quelques secondes à son sang pour faire un tour : 
«  Victorien, siffla-t-elle entre ses dents, si vous ne ramenez pas tout de suite vos fesses, je vous jure que vous allez le regretter.
« Mais Léonor !  On vient juste d'arriver !  Et puis... » Il s'approcha un peu et dit sur le ton de la confidence : « Et puis je crois que j'ai une touche ! »
la jeune femme fit un mouvement pour l'attraper par le col, mais Victorien fit un écart et se remit à patiner avec entrain.
Voyant qu'il ne revenait toujours pas au bout de quelques tours, Léonor décida de le laisser là et de rentrer chez elle. Le vieil homme s'en aperçu, et se précipita aussitôt vers la rambarde : 
« Eh !  Mais où allez-vous ?
« Je rentre chez moi, répondit-elle sans se retourner.
« Mais vous pouvez pas me laisser ici tout seul !
« Demandez à votre copine, là.
« Attendez !  Si vous patinez un peu avec moi, je vous promet d'être sage. »
Les épaules de la jeune femme s'affaissèrent. Elle se retourna et dit : 
«  Vous n'êtes plus un enfant.
« S'il vous plaît... Insista-t-il. »
Léonor leva les yeux au ciel et se dirigea vers le comptoir pour louer des patins.


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Une fois qu'elle fut sur la piste, Victorien la rejoignit. 
« Vous vous débrouillez bien dites-moi !
« Je suis plus à l'aise sur de la glace, mais bon...
« Ca m'arrange. Ne vous inquiétez pas, y'en a plus pour très longtemps. »
Sans chercher à comprendre le sens de ses paroles, Léonor entreprit de faire quelques tours. 
Au bout d'une dizaine de minutes, elle fut surprise par le vieil homme qui tournoya autour d'elle pour lui faire face, et ce en un geste aisé. Il l'attrapa ensuite par les poignets et lui fit décrire de petits arcs de cercles. Il semblait changé, plus sérieux. Il fit alors glisser ses paumes le long de ses mains, ce qui fit rougir Léonor. 
« Mais enfin, monsieur Vasse... commença-t-elle mécontente.
« Ssshhhh. »
Le ton était calme, mais autoritaire. Alors qu'elle tentait de se défaire de son emprise, Victorien resserra sa poigne, avec une vigueur étonnante, et continua de tournoyer doucement.
« Quand je vous le dirai, vous regarderez par dessus mon épaule : il y a une belle rousse qui va descendre les marches. C'est Véra Harflaural. S'il y a une personne avec qui il vous faut être, c'est elle. Elle fricote avec beaucoup de REDS depuis de nombreuses années, et vous savez ce qu'on dit des confidences sur l'oreiller... »


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Un demi-tour la fit se placer face à l'entrée. En effet, une rousse pas frileuse venait de faire son apparition, entraînant avec elle tous les regards, masculins comme féminins.
« Cette fille est connue comme le loup blanc, continua l'aîné. Tout le monde sait qu'elle couche avec les plus grands, et cela lui vaut 2 types de réputation : c'est une minette convoitée par les hommes, et c'est la bête noire des femmes.
« Et on connaît ses partenaires ?
« Vous pensez bien que non, sinon ça ferait longtemps qu'il y aurait eu un contrat sur elle. Mais à mon avis, Plènozas en fait partie. »
La jeune femme haussa les sourcils : 
« Un contrat... Y'a des contrats ici ? Au royaume des Bisounours ?
« Oui. Mais cela s'est toujours fait avec une énorme discrétion. Et puis nous sommes là pour éviter le climat d'insécurité...
« Mais...
« La voilà. Vous êtes prête ?
« A quoi ? »
La lueur dans les yeux de Victorien ne lui plu guère, ni le petit sourire qui venait d'apparaître au coin de ses lèvres. Sans qu'elle n'ait eu le temps de réagir, il la fit pivoter rapidement sur elle-même, lui lâcha les mains et la projeta en avant.


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Sans comprendre ce qu'il se passait, elle tenta tant bien que mal de garder son équilibre. Alors qu'elle se félicitait d'avoir réussi et arborait un petit sourire satisfait, elle ne vit pas arriver Véra Harflaural qui la percuta de plein fouet.
Sonnée dans les premières secondes, elle reprit rapidement ses esprits et apporta son aide à la femme qui gisait sous elle : 
« Je suis désolée !  Je...
« Je ne peux pas vous en vouloir... Répondit-elle en souriant. Je sais ce que c'est les pots de colle ! »
Léonor était stupéfaite. Elle qui pensait que tout le monde avait vu qu'il l'avait poussée, se rendait compte qu'en fait, la manoeuvre avait été extrêmement discrète. 
« Oui, il est pas croyable !  Il m'a couru après toute la soirée !
« Et moi qui pensais que les alliances réglaient tous les problèmes... dit-elle en fixant la main gauche de Léonor.
« Ben faut croire qu'il y en a que ça n'arrête pas... Mais comment faites-vous pour être tranquille avec un physique pareil !  Lança la jeune femme, fine stratège.
« J'ai mes trucs, répondit-elle en un petit rire. Passez me voir aux « Chrysantems d'Harflaural » dans la rue des fleurs à Atlantys. On discutera ! »
Sur ces mots, elle lui fit un clin d'oeil et repris sa course.
« « Facile... » » Pensa Léonor un sourire en coin.

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Sa mission accomplie, elle rendit ses patins et rejoignit Victorien dans la voiture.
« Alors ?
« Le contact est établi. »
Puis, adossée à la porte de manière à lui faire face et tentant de réprimer sa joie, elle demanda : 
« Vous ne pouviez pas me dire tout de suite ce que vous aviez l'intention de faire ?
« Ca aurait été moins drôle !
« Mais enfin ce n'est pas un jeu !
« A mon âge, si. Parce-que sinon, je m'ennuie. Et j'aime pas m'ennuyer.
« Alors pourquoi ne pas avoir postulé comme partenaire ? Vous êtes un homme, vous êtes de la rive droite, vous êtes riche... Ah !  Laissez-moi deviner... Elle a refusé..., le taquina-t-elle.
« Pas du tout. J'aime ma femme. C'est tout. J'ai des limites voyez-vous.
« Heureuse de l'apprendre !
« Ah au fait, tenez. »
Il venait de lui tendre un petit boitier accompagné d'un câble USB.
« Il est connecté en wifi à nos ordinateurs. Nous avons mis les téléphones des Plènozas et d'Atlantys-des Rivières sur écoute. Pour écouter les enregistrement, il vous suffit d'installer les logiciels fournis. Y'a une icône qui va s'installer sur votre bureau, que vous pourrez enlever si vous voulez. Mais vous verrez, c'est très discret.
« Alors c'était pas du flan...
« Mais ça fait dix ans que je vous le dis !  Ah oui... Bon j'sais pas si vous le méritez, vu que vous mettez mon charme en doute mais bon... »
Il se tourna alors vers la banquette arrière. Puis, se retournant : 
« J'vous ai pris des pop-corns. »


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Le lendemain matin, Léonor profita du jogging quotidien de Ryan pour installer le fameux boitier, qu'elle avec bien dissimulé la veille derrière l'unité centrale. C'est avec beaucoup d'excitation qu'elle installa les logiciels, et le nom de l'icône du bureau lui arracha un éclat de rire : « Les bons gâteaux de Mamie Monique ».
« « Celui-là alors... Ca se voit qu'il ne me connait pas... Faudra changer ça. Mais avant... » »
Elle double-cliqua donc sur « Les bons gâteaux de Mamie Monique », et elle sautilla sur son siège lorsqu'elle vit les dossiers s'afficher : Karine d'Atlantys, Edouard Plènozas, Nyls d'Atlantys, Steven Munrow... Et puis elle fronça les sourcils : Angès. Intriguée, elle voulue l'ouvrir, mais on lui demanda un mot de passe. Elle tenta « gâteaux », « porte-jartelle », « petite culotte », « Monique », « roti », et plein d'autres mots du même genre, sans succès. Déçue mais pas vaincue, elle prit la décision d'y revenir plus tard. Elle cliqua donc sur « Edouard Plènozas ». Différents sous-dossiers s'offraient à elle : origines, fixe, mobile, mail, contacts, dossiers banquaires, propriétés.
« « Eh ben didon... » »
Elle cliqua sur fixe, et plusieurs exécutables s'affichèrent, dont « écouter ». Elle sélectionna cette option, mais le programme ne se lança pas.
« « Il faut sûrement qu'il soit en communication. » »
Elle parcourut la liste des autres programmes, et en vit un très intéressant : « Switch ». Un numéro de téléphone lui fut demander, et elle indiqua le sien. Il n'y avait donc plus qu'à attendre qu'Edouard reçoive un coup de fil.
Très satisfaite, elle laissa son joujou quelques instants pour aller s'attacher les cheveux, qui lui chatouillaient le visage. En revenant, elle aperçu une silhouette connue s'apprêtant à pénétrer dans leur jardin. Un sourire au coin des lèvres, elle éteignit son boîtier à qui elle dit : 
« Je reviens vite ! »


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« Fani !  Ca faisait longtemps !  Cria-t-elle enjouée du pas de la porte où elle enfilait sa veste.
« Bah oui... Vu l'accueil de l'autre fois, je me suis tournée vers mon voisin. Seulement voilà, il est tellement dégoûtant qu'il laisse toujours traîner ses journaux, si bien que le service a décider de ne plus le livrer, et ce jusqu'à ce qu'il change ses habitudes... Et comme ma voisine de droite me déteste, eh ben me voilà... Ca vous ennuie pas que je regarde les résultats du Bishuno ?
« Mais, non, allez-y.
« Vous êtes bien aimable... 
« On vous pique toujours votre journal ?
« Bah oui... Mais on s'y fait. Si l'autre faisait un petit effort aussi, je ne serais pas là à vous embêter. Mais sinon, comment allez-vous ? Ca vous plait la vie ici ?
« Je ne me plains pas...
« Tant mieux. Dites !  J'ai su que votre mari avait intégré l'équipe 3 d'Atlantys !  C'est génial !
« Oui, il est très content.
« Très bien, très bien... Vous êtes au courant au fait, de la soirée au Fever ?
« Non...
« Ah, bah je serais pas venue pour rien !  Plènozas inaugure son nouveau club sur la route du Domaine Faivre, et on raconte que tout le gratin sera là. Même Ladopthé. C'est sa femme qui va être contente !  
« Pourquoi ?
« Beh parce-qu'elle est super coincée !  Elle ne sort quasiment jamais, et à sa place, savoir mon mari entourée de filles toutes plus belles les unes que les autres... Surtout si y'a la Harflaural. Nan, j'dormirais pas tranquille...
« Monsieur Ladopthé aurait-il besoin de lunettes pour reconnaître sa femme ? Demanda Léonor sur le ton de la confidence et à moitié amusée.
« Surtout pas !  Lâcha Fany en un grand éclat de rire. Ca aurait l'effet inverse !  Mais ça c'est parce-que vous ne l'avez jamais vue... »
« « Ca ne saurait tarder... » » Pensa Léonor qui avait déjà un pied dans la voiture.

6 mars 2010

12.

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Le lendemain matin, elle décida donc de se rendre au Domaine Faivre ; en voiture cette fois, vu que sa dernière escapade sur la colline avait failli la tuer. Alors qu'elle commençait à s'impatienter devant la grande bâtisse de pierre, d'où personne ne sortait pour la saluer, elle fut interpelée par une voix qui venait de l'autre coté de la rue.
Lorsqu'elle se retourna, elle vit un homme sur le pas de la porte de la maison d'en face.


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« Je peux vous aider ? Demanda ce dernier en forçant un peu sur sa voix.
« Je cherche monsieur Faivre, répondit-elle sur le même ton.
« Lequel ?
« Euh... François. »
Il lui fit alors signe de se rapprocher, lui même s'avançant également. Arrivé à sa hauteur, il lui tendit une main :
« C'est lui-même. »
Léonor saisit la paume offerte, dont la chaleur trancha nettement avec le froid ambiant. Elle se présenta alors rapidement, et d'un sourire chaleureux, il l'invita à entrer.


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Une fois à l'intérieur, il demanda :
« Alors, que voulez-vous savoir ?
«  Eh bien, commença la jeune femme en cherchant ses mots. Très franchement, je ne sais pas par où débuter. En fait, si je viens vous voir, c'est parce-que vous revenez souvent dans les conversations, notamment au sujet d'un projet concernant l'université qui semble vous lier de près au jeune Nyls. Pourriez-vous m'en dire un peu plus ? »
Le vieil homme fronça légèrement les sourcils, comme s'il réfléchissait :
« Cela m'embête un peu je dois dire... C'est un projet qui ne fait pas du tout l'unanimité dans le Quartier, et qui doit pourtant être mis en place. Nos opposants sont bien trop influents pour prendre le risque de tout dévoiler à ce stade. Surtout que si vous êtes au courant, d'autres le sont, ce qui est très ennuyeux.
« Mais c'est le projet de qui ? De Nyls ? Ou de vous ?
« De Nyls. C'était sa thèse de fin d'études.
« Et vous vous en occupez parce-que...
« Parce-qu'il venait me consulter pour que je l'aide. Il savait que la plupart de ses proches tiqueraient sérieusement à l'annonce de son travail.
« Et pas vous ? »
François sourit, avec affection :
« C'est vrai que vous êtes toute nouvelle... Tout le monde se connait ici, ou plutôt, tout le monde a une réputation. Il savait donc que j'accepterais de l'aider.
« Le sujet était-il suffisamment grave pour motiver une agression ?
« Ca me paraît un peu disproportionné quand même... »
Léonor poussa un petit soupir.
« Qu'y-a-t-il ?
« Rien, j'aurais bien aimé que vous me répondiez que si et que vous aviez même une petite idée sur son auteur, mais bon... Vous qui avez passé du temps avec lui, pensez-vous qu'il aurait pu mettre fin à ses jours ?
« Je suis mal placé pour avoir un avis sur la question... La jeunesse d'aujourd'hui est si difficile à cerner ! »

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Voyant que son interlocuteur lui donnait des réponses qui n'en étaient pas, Léonor s'agaça un peu :
« Alors ça, c'est quand même dingue. Le futur héritier, que tout le monde appréciait, disparaît, et personne ne sait rien, et pire, personne ne cancane !  C'est la première fois de ma vie que je vois ça. A SimCity, je passais mes journées à vérifier mes informations, tant elles étaient nombreuses et arrangées selon les convenances de chacun. Ici, c'est tout le monde est beau et gentil !  Mais ça n'existe pas !  Il y a un mort, donc il y a un méchant. Ou une personne ravagée par la tristesse. Seulement, Nyls avait l'air beaucoup trop engagé dans son projet de fin d'études pour laisser tomber. Il ne reste donc qu'une solution !  Et ne me dites pas comme Simplet Vasseur que personne ne serait capable de ça. Je viens de vous prouver le contraire. Je vous écoute. »
Le vieil homme la fixa droit dans les yeux, et Léonor cru apercevoir un petit rictus au coin de ses lèvres.

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Et contre toute attente, il éclata de rire.
« Simplet Vasseur !  Répéta-t-il. Simplet Vasseur !
« Mais c'est pas drôle... Se lamenta Léonor.
« Oh que si, continua-t-il en ayant du mal à s'en remettre. Parce-que c'est tellement vrai !  Nan mais... C'est parce-que ça me fait penser à son père qui est désolé d'avoir un fils comme ça...
« Ah bah il peut parler celui-là !  Je l'ai quand même retrouvé une nuit dans mon salon en train de jongler !  »
François écarquilla alors les yeux, et repartit de plus belle dans son fou rire. Cette fois Léonor ne pu réprimer un sourire. Après avoir pouffé, elle tenta un :
« S'il vous plait... » Qui fut quand même entendu.
« Oui... Pardonnez-moi. C'est juste qu'ils font vraiment la paire tous les deux... Hum... Vous disiez ?
« Je disais que comme c'est l'héritier il y a au moins une personne qui serait susceptible d'être à l'origine de sa disparition : celui qui le remplacera. Seulement, j'ai un mal fou à m'y retrouver !  Et puis la famille Plaines n'arrange rien...
« Comment ça ?
« Eh bien je voulais consulter la généalogie du quartier, mais il a refusé. Mais pourquoi donc ? Ont-ils des choses à se reprocher ? Et puis pourquoi Irène d'Atlantys ne possède pas son exemplaire ?
« Parce-que ce sont eux qui depuis la nuit des temps gèrent le patrimoine de chaque famille. Ce sont eux qui, à chaque naissance, remplissent les différents papiers. Et puis ils le font parce-que personne d'autre ne s'en ait jamais occupé...
« Et pourtant je me rappelle qu'on m'a dit que tout le monde regardaient leurs ascendants pour savoir s'ils avaient une chance de prendre la tête du Quartier. Ils ont bien un exemplaire eux !
« Oui, mais n'oubliez pas que c'est la première fois que cela se passe. Avant, c'était le fils d'Atlantys, de la branche principale, qui était désigné d'office. Mais là... Et ils ont tous leur exemplaire parce-que Romin ne peut pas le refuser à ses amis. Amis qui lui ont demandé de ne rien vous communiquer, par peur de ce que vous pourriez découvrir...
« Ben voyons...
« Mais... Ajouta-t-il avec un sourire malicieux. »


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Il tourna alors les talons, avant de lui indiquer de le suivre. Ils montèrent à l'étage par l'escalier qui se trouvait sur leur gauche, et Léonor patienta en haut des marches tandis que François se dirigeait vers une bibliothèque. Après un petit moment, il en sortit un livre, qu'il lui tendit avec un petit sourire :
« voilà de quoi occuper vos prochaines soirées. »
Elle l'ouvrit, et à sa grande stupéfaction, y découvrit une multitude de noms reliés par des traits.
« Mais c'est...
« Toute l'histoire de notre Quartier.
« Mais comment...
« Nous sommes une vieille famille, et mes ancêtres ont beaucoup fait pour Atlantys. D'où quelques avantages que nous essayons de partager. »
Léonor feuilleta le livre pendant quelques secondes, puis dit :
« Dites... Vous qui avez l'air d'en savoir beaucoup sur l'histoire d'Atlantys, qu'est-ce-qu'il s'est passé avec le père de Nyls ? Et pourquoi sa mère est partie ?
« Ca vous ennuie si on s'assoit ? Proposa-t-il en souriant, toujours affectueusement. »


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Une fois confortablement installés et après un petit soupir traduisant sa réflexion, le vieil homme commença :
« A la naissance de Nyls, tout allait pour le mieux, exactement comme pour les générations précédentes. Et puis il y a eu cet accident. Nyls n'était pas bien grand. Il devait avoir 8 ans, quelque chose comme ça. Il y a eu un incendie au Domaine, et Antonys, son père, a été pris dans les flammes. Seule Carole a assisté à la scène, et je crois bien qu'elle ne s'en ait jamais remis...
« Carole ?
« Sa femme. La mère de Nyls. »


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« Elle assisté à la mort de son mari ? Pas étonnant qu'elle n'est pu rester dans cette maison... C'est vraiment horrible...
« C'est sûr... Surtout qu'elle a essayé, mais elle était sur le point de devenir folle. Je pense que c'est pour cela qu'elle est partie.
« Pauvre gamin...
« Oui... Et puis Irène n'allait pas bien non plus. Prys l'a donc pris chez elle quelques temps, mais Nyls ne voulait pas laisser sa grand-mère toute seule. Il est donc rentré, pour « consoler Grand-Mère ». Je me souviens encore de ses mots. Cet enfant était incroyable.
« Et on connait la cause de l'incendie ?
« C'est la foudre, il me semble. Elle a frappé un arbre, qui je crois était près de la maison...
« Et Carole d'Atlantys n'a pas tenté de garder le contact avec son fils ?
« Pas que je sache.
« Savez-vous où elle est-partie ?
« Non. Personne n'a cherché à vrai dire. Beaucoup l'ont condamnée pour avoir quitté Atlantys, et fuit ses responsabilités. En ce qui me concerne, j'ai simplement respecté son choix. »
Léonor attrapa le livre de généalogie qu'elle avait posé sur la table basse avant de s'assoir, et en caressa la couverture.
« « Ca fait beaucoup d' « incidents » quand même... » »
Sur ces pensées, elle ajouta :
« Eh bien je vais potasser tout ça...
« Gardez-le aussi longtemps que vous voulez. Et si vous avez des questions, n'hésitez pas.
« Merci beaucoup monsieur Faivre. Vraiment. »


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Elle se leva alors, et arrivée devant la porte, une autre question lui vint à l'esprit :
« Et monsieur Ladopthé dans tout ça ?
« Il a été appelé quelques jours après pour s'occuper du Quartier jusqu'à la majorité de Nyls.
« Mais du coup, est-il possible qu'il reste en fonction ?
« Je ne pense pas. C'est Irène qui doit prendre la décision, et ni elle, ni la rive droite n'accepteront une gérance définitive par un étranger.
« Et il le sait ?
« Oh, il doit s'en douter... »
Sur ces paroles, et après l'avoir remercié une nouvelle fois, elle prit congé.
En posant le livre sur le siège passager, son regard s'attarda dessus. Puis, avec un petit sourire satisfait, elle enclencha la marche arrière : enfin, elle allait pouvoir comprendre les différents liens qui unissaient les familles d'Atlantys.

6 mars 2010

11.

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- « Mais enfin Monsieur Vasseur, que faites-vous là à une heure pareille ?
- « Je suis venu vous parler, chère demoiselle.
- « Et vous pensez que c'est le moment idéal ?
- « Eh bien ma foi, nous sommes seuls donc... »


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- «  D'accord, d'accord... Ne bougez surtout pas, je reviens... Coupa Léonor, que le vieil homme commençait à effrayer.
- « Ne me dites pas que vous allez en profiter pour appeler mon fils ?
- « Non, répondit-elle d'un ton mal assuré »


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- « Mais enfin, s'agaça Victorien, vous ne pensez-pas que si je voulais qu'il soit là, il m'aurait accompagné ?
- « Mais ça n'a rien à voir !  Vous débarquez sans prévenir à une heure improbable et vous vous mettez à délirer... »
Léonor s'arrêta devant la mine surprise de son invité surprise.
- « Vous pensez que je délire ?
- « Si débarquer chez une femme mariée au milieu de la nuit pour lui faire la cour n'est pas un signe... Et puis ne prenez-vous pas un traitement ?
- « Ca ? Demanda-t-il en sortant un flacon de sa poche. C'est de l'aspartame. »
« « Allons bon... Si ça c'est pas du déni... » »
- « Je vois que vous ne me croyez pas. Eh bien gouttez, vous verrez, ça a un goût sucré et ça fait pas prendre un gramme... C'est pour ça que cet idiot de fils ne m'empêchera pas de manger des gâteaux.
- « Non merci... S'il vous plaît, laissez moi appeler Germain, pour que je sois sûre que vous arriviez bien chez vous... »
Victorien poussa un soupir, puis dit :
- « Bon, il ne me reste plus que ça à faire. »


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Il se leva alors, mais au lieu de se diriger vers la porte d'entrée, il sorti une balle de sa poche et entreprit de jongler avec. Léonor n'en croyait pas ses yeux. L'ancien chef de la police d'Atlantys était là, dans son salon, à 23h, en train de jongler.
- «  Vous voyez bien qu'un fou ne serait pas capable de faire ça, haleta-t-il. Hop... »


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- « Hop... »


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- « Hop...
- « Ca suffit Monsieur Vasseur !  Vous allez réveiller mon fils !  S'écria Lèonor.
- « D'accord... C'était juste pour vous prouver que j'étais en pleine possession de mes capacités. Vous êtes prête à m'écouter maintenant ? »
Les poings sur les hanches, la jeune femme bascula la tête en arrière.
- « Et vous partirez après ?
- « Bah bien sûr, je vais pas dormir ici...
- « D'accord, je vous écoute.
- « Vous aimez les kiwis ? »
Léonor se raidit, et envisagea d'appeler Ryan. Puis elle perçut quelque chose dans le regard de son interlocuteur qui la stoppa : c'était exactement le même que celui de Germain le jour de son arrivée, lorsqu'il la faisait marcher. Victorien Vasseur était en train de se moquer d'elle. Fermant les yeux à moitié, elle lui lança un regard mauvais :
- « Ca vous fait rire ?
- « Ah ça oui alors ! »
« « Si j'avais encore des doutes concernant la parenté de ces deux abrutis... » »
- « Bon, comme je vois que vous êtes fatiguée, je vais m'arrêter là et devenir sérieux. En réalité, je fais partie de la police secrète d'Atlantys...
- « Bon ça suffit, coupa Léonor qui l'empoigna par le bras.
- « Mais non mais... Mais je suis sérieux !  Protesta Victorien en se dégageant. Nous voulons vous aider !
- « Ah mais je ne sais pas si je vais accepter !  Parce-que si le département « secret » est aussi bon que l'officiel, je me passerai de vous, merci !
- « Ah mais c'est parce-que nous manquons d'entraînement, c'est tout !  Ce dont nous ne manquons pas, en revanche, c'est de matériel. »
Léonor le regarda avec circonspection.
- « Qu'est-ce-que c'est que tout ce cirque ? Hier vous étiez aliéné et aujourd'hui vous êtes à la tête d'une police secrète ?
- « Mais c'est un rôle que je suis obligé de jouer pour expliquer mes absences. Si j'étais sain d'esprit, il me faudrait des alibis à chaque fois et qu'on ne me croise pas là où je ne suis pas sensé être !  Ce serait beaucoup trop compliqué !  Là je dis : « je suis allé me promener », et ils me fichent la paix en me disant de prendre mes cachets. »


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La jeune femme secoua la tête. Elle ne savait plus quoi penser.
- « Je sais que c'est difficile à croire, et c'est pour ça que je suis venu en personne. Voulez-vous enfin savoir pourquoi je suis là ?
- « Allez-y...
- « Nous avons remarqué...
- « Nous ?
- «  Bah oui, je ne suis pas tout seul. Donc, nous avons remarqué que vous avanciez un peu trop à tâtons, du fait de votre arrivée toute fraîche. Nous nous intéressons également au meurtre du jeune Nyls, mais il nous manque des éléments, qu'apparemment vous détenez depuis peu. En échange de ces informations, nous vous offrons un libre accès aux nôtres et nous mettons à votre disposition le matériel dont nous disposons.
- « Dans l'hypothèse que tout cela ne soit pas seulement dans votre tête, ça me va. Mais j'ai quand même du mal à comprendre comment une police secrète qui suit l'affaire depuis le début et qui connaît tous les habitants peut avoir besoin des services d'une tierce personne...
- « C'est tout simple. Nous n'existons pas, et Atlantys est une toute petite ville. Donc si on commence une enquête en se faisant passer pour la police, Germain va le savoir soit en allant faire ses courses, soit en allant boire un café chez un copain. Par exemple, il nous était impossible d'aller interroger Mathilde Bonnet, qui se serait empressée d'aller tout raconter à son père, qui aurait demander des comptes à Germain. En revanche, si nous enquêtons à travers vous, étant donné que vous avez été engagée par Irène, tout devient plus simple. Surtout qu'en tant qu'étrangère, vous n'êtes pas impressionnable. Vous ne risquez pas de perdre votre emploi où de vous faire expulser.
- « Donc vous vous servez de moi.
- « Et vous de nous. Où est le problème ?
- « Nulle part j'imagine...
- « Eh bien c'est parfait. J'ai plus qu'à vous dire « à bientôt », qu'évidemment, cette conversation n'a jamais eu lieu, et amenez-moi des paquets de gâteaux à l'occasion. »
Sur ces paroles, il tourna les talons et se dirigea vers la porte d'entrée. En ouvrant cette dernière, il dit :
- « Au fait, pour votre dîner au Domaine des Rivières, gardez un oeil sur Karine d'Atlantys. »
Et la porte se referma sur lui.
Léonor se surprit en train de sourire.

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Mécontente, elle se frappa le front avec la paume de sa main en pensant :
« « Ne commence pas à le trouver sympathique. » »
Son problème était donc résolu : il fallait aller au dîner proposé par Kimy d'Atlantys. Seulement, comme cela cachait une attention pas franchement amicale, la jeune femme dû puiser au fond d'elle pour trouver la force de mentir à son mari, et de tromper sa confiance.


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Elle monta doucement les escaliers, comme pour retarder le moment fatidique. Lorsqu'elle pénétra dans la chambre, Ryan posa SimSport Mag sur la table de chevet et se tourna vers elle.
- « Ca va ? T'as l'air préoccupé... »
« « OK... C'est parti... » »
Elle se forca alors à se détendre, et pris une profonde inspiration, avant de répondre :
- « Hum... C'est juste que je me demandais si tu reviendrais vivre avec moi si un jour tu avais l'occasion d'aller chez Kimy Reynolds...
- « Mais bien sûr que oui !  Et c'est une réponse mûrement réfléchie. »
Léonor fit la moue :
- « Ca m'aurait étonné que tu ne te sois pas posé la question. Bref, malgré cela, tu m'as donné une réponse satisfaisante. Donc je te le dis : nous sommes invités à dîner chez elle ET SA FAMILLE, n'est-ce-pas, demain soir. »


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- « Quoi ?? Mais où, quand, comment ? Demanda-t-il en renversant ça femme sur le dos, plein d'enthousiasme.
- « C'est un peu long à expliquer, mais en entendant mon nom au cours d'une discussion, ça lui a rappelé un jeune talent qui avait disparu de la circulation. Elle m'a téléphoné pour savoir si j'étais Madame Ryan Angès, et j'ai dit oui.
- « Et alors ? S'impatienta-t-il comme un enfant.
« Et alors on a discuté un petit peu et elle m'a demandé si on pouvait venir dîner chez elle parce-qu'elle avait vraiment envie de te connaître.
- « Et ?
- « Et j'ai dit non.
- « Hein ??
- « Mon dieu ce que tu es bête. Mais bien sûr que j'ai dit oui ! »


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Il se pencha alors fougueusement vers elle pour l'embrasser avec passion. Il se releva quelques instants après et lui dit, les yeux dans les yeux :
- « Je t'aime. De tout mon coeur. »
Elle voulu répondre, mais le « moi aussi » resta coincé au fond de sa gorge. Elle se contenta de sourire, et l'attira vers elle pour une étreinte plus charnelle afin de cacher son trouble.
« « Moi aussi je t'aime... Et pourtant... »


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Et pourtant, cela ne l'empêchait pas de se préparer pour une entrevue qui à elle seule pouvait mettre fin à son mariage si Ryan découvrait son véritable but. En effet, même si elle était rongée par le remord, elle s'était interdit de penser aux conséquences dès le moment où elle avait lancé l'invitation de Kimy d'Atlantys. De toute façon, ce qui était fait était fait, il fallait juste se montrer encore plus prudent. « Juste ».


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Ils arrivèrent à l'heure prévue au Domaine des Rivières, où ils furent accueillis par Kimy d'Atlantys.
Le manoir était encore plus beau, mis en valeur par les différents éclairages. Ryan planait complètement, trop heureux de voir se réaliser un de ses souhaits les plus chers.
- « Alors je suis désolée, prévint Kimy, il y a un petit imprévu, qui j'espère ne vous dérangera pas. Mon fils Alexy était parti en excursion, et comme d'habitude, il n'a pas pris la peine de nous avertir de son arrivée. Il sera donc à nos côtés pour souper. »
Léonor s'en réjouit. Peut-être que la narration de ses aventures ne laisserait pas le temps à Ryan de raconter une triste période de sa vie.
Lorsqu'il furent invités à entrer et qu'ils saluèrent le reste de la famille, le jeune femme en profita pour toucher délicatement l'avant-bras de son hôte pour attirer son attention. Lorsqu'elle lui fut accordée, elle glissa, tout bas :
- "Ryan ne connaît pas les modalités de notre rencontre. "
L'aînée sourit, et posa chaleureusement sa main sur celle de Léonor, qui se voyait assurée de sa discrétion.


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Comme prévu, Alexy d'Atlantys était intarissable. 2 mois d'aventures avaient réussi à captiver l'assemblée depuis le début de la soirée.
- « ... Et heureusement que j'ai un bon sens de l'équilibre, sinon je serais tombé 10 mètres plus bas !  J'aurais eu l'air malin !  Termina-t-il en riant de concert avec les autres convives »
Après une courte pause lui permettant de se réhydrater, il fronça très légèrement les sourcils :
- « C'est vraiment dommage que Timothy ne soit pas là. Je suis sûr qu'il aurait adoré entendre cela.
- « Il serait là s'il savait que tu daignais enfin faire acte de présence après 2 mois d'absence. »


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Le ton était sec, dur, amer. C'était Karine, sa femme, qui avait énoncé ces paroles. Alexy ne broncha pas, comme tous les autres membres de la famille, qui semblaient particulièrement absorbés par le contenu de leur assiette. Léonor la regarda quelques instants. Les yeux rivés vers son repas, les mâchoires serrées, les yeux ternes : elle était malheureuse. Et ce depuis un certain temps, au vu de la sévérité de ses propos. Mais était-elle désespérée ? Au point de...
- «  Allons, allons... Ce n'est pas le moment de parler de cela, alors que nous passons une excellente soirée en compagnie de ce cher Ryan Angès et de sa délicieuse épouse. »


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C'était Kimy qui avait parlé, interrompant Léonor dans ses pensées.
- « Alors Ryan... Racontez moi ce qu'il s'est passé. Vous étiez dans l'équipe universitaire de SimState c'est bien ça ? »
La jeune femme déglutit difficilement.
- « Oui. J'étais avant-centre.
- « Quand je pense à ces quatre années... Vous savez qu'ils n'ont jamais retrouvé ce niveau ?
- « J'en ai entendu parlé... Il est vrai que nous étions une bonne équipe, avec beaucoup d'éléments de qualité : Shepard, Bonner, Justino...
- « Et tous sont dans un grand club. Que s'est-il passé ? Vous vous étiez blessé au genou ? C'est ça ? Je ne m'en souviens plus... »
Un goutte de sueur dégoulina entre les omoplates de Léonor.


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- « En fait, commença Ryan d'un ton plus grave, je me suis fracturé le tibia et le péroné pendant la finale contre La Fiesta. Et... Et il y a eu quelques complications.
- « Je m'en souviens maintenant, répondit Kimy. Mais ils ont pourtant une bonne équipe médicale là-bas.
- « Oui, mais mon retard de cicatrisation a refroidi les différents clubs intéressés.
- « Et où en êtes-vous aujourd'hui ? Votre jambe est-elle guérie ?
- « Je n'ai pas refait d'examen dernièrement, mais il y a 2 ans à peu près c'était en bonne voie.
- « Mais pourquoi ? D'autres s'en sont très bien remis !
- « Eh bien Léonor venait de décrocher un job qui lui tenait beaucoup à coeur, qui lui demandait des déplacements fréquents, et Louis était petit. Nous ne voulions pas qu'il soit élevé par des étrangers. »
Léonor jeta un coup d'oeil à son mari, qui la regarda avec une tendresse qui l'aurait fait fondre en larmes si Kimy ne s'était pas à nouveau manifestée.


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- « Chers amis, je crois qu'il est temps de porter un toast : à Ryan et Léonor Angès, qui prennent leur rôle de parents très à coeur. »
Après qu'ils aient bu quelques gorgées de champagne, très amères au goût de Léonor, Kimy s'adressa à Ryan et sa femme une nouvelle fois :
- « Voulez-vous bien me suivre ? »


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Une fois sortis de la salle à manger, ils revinrent dans l'entrée, prirent des escaliers sur leur droite, traversèrent un couloir, et ce qu'ils découvrirent de l'autre coté de la porte des stupéfia. La pièce était remplie d'appareils de musculation en tout genre.
- « Si vous l'acceptez, ceci est à votre disposition. Je ne sais pas combien de temps vous comptez rester ici, mais si jamais vous devez déménager, sachez que tout ça est à vous jusque là.
- « Je... Je ne sais pas...
- « Bien sûr que si. Ecoutez, vous avez un vrai talent, qui ne doit pas être oublié. Que ferez vous le jour où Louis ira à l'école ? Il faudra bien vous occuper !  Donc, au cas où vous voudriez reprendre votre profession, il faut vous maintenir. Et puis très franchement, étant à la retraite, je m'ennuie un peu. C'est pour ça que ça me ferait très plaisir de m'occuper de vous. »


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Ryan n'avait pas eu le temps de lui baiser les pieds. La porte d'entrée avait claqué, et apparemment, Timothy était rentré. Les présentations avaient été faites, et la glace n'était pas brisée, mais fondue. Le courant était tout de suite passé entre Ryan et l'adolescent qui s'étaient rapidement trouvé des intérêts communs, en plus de la grand-mère de ce dernier, cela va sans dire. Tout se passait pour le mieux, si ce n'était Charly d'Atlantys, qui l'avait fixé toute la soirée. Cela la rappela à sa mission, qui était de surveiller Karine, qui manifestement était hors de vue depuis un petit moment.


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Elle s'apprêtait à se lever, l'air de rien, mais un grognement lui fit abandonner l'idée : Ryan venait de se prendre sa deuxième raclée virtuelle. Elle pouffa, puis s'installa plus confortablement sur sa chaise, préférant profiter des éclats de rire de son mari.


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Quelques semaines passèrent, amenant la neige avec elles. Non satisfaite de son offre, Kimy d'Atlantys avait cru bon de l'enrichir davantage : 2 fois par semaine, Ryan s'entraînait avec l'équipe du Quartier en plus de ses entraînements personnalisés avec sa bienfaitrice. C'est bien simple, il revivait.


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Il avait même accroché son maillot universitaire, au placard depuis leur départ de SimState. Tout allait pour le mieux.


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Tout ? Ce n'était pas tout à fait exact. En effet, si cela se passait à merveille dans sa vie personnelle, Léonor stagnait dans son enquête. Elle avait cherché à récupérer les arbres généalogiques chez Romin des Plaines, mais son fils avait refusé, car cela était « strictement confidentiel ». La jeune femme restait donc à la maison, s'occupant de Louis et revisionnant les éléments de l'enquête, au cas où elle aurait loupé quelque chose.
Seulement, il arriva un moment où elle connaissait toutes les pièces et vidéos par coeur, sans pour autant avoir décelé quoi que ce soit. Il était donc temps d'explorer de nouvelles pistes, qui inéluctablement, menaient à François Faivre.

28 février 2010

10.

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Cette nuit là, ils dormirent chacun de leur coté, Léonor tenue en respect par l’aura agressive de son mari. Le lendemain, lorsqu’il se leva pour s’occuper de Louis, elle resta au lit, toujours mortifiée par les évènements de la veille. Au bout d’un moment, elle fini par descendre, en prenant bien soin de raser les murs. Il était là, sur le canapé, en train de regarder SimSport, pendant que Louis s’affairait à sa table d’activité. Ryan ne leva même pas le regard en lui disant :
-« Je vais courir. »
Il éteignit le téléviseur, et sorti en fermant la porte d’un coup sec.


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La jeune femme poussa un soupir, et alla s’agenouiller près de son fils :
-« Alors mon Louis, qu’est-ce-que tu dessines ?
-« Une voitu.
-« Tu veux continuer à dessiner, ou tu veux que je te lise un histoire ?
-« Veux bien une histoi. Avec des voitu. »
Léonor sourit, se leva en caressant la tête de l’enfant et alla chercher un livre dans la bibliothèque. En revenant, elle vit son fils assis sagement, les genoux ramenés vers lui. Elle s’installa de manière à lui faire face, et commença la narration. Malheureusement, quelques minutes suffirent pour qu’elle pense à autre chose. Toutes ses pensées étaient tournées vers une seule personne ces temps-ci, et c’était Ryan. Elle n’avait même pas remarqué qu’il avait repris une activité physique. Etait-elle régulière ou lui servait-elle de défouloir ? Ne forçait-il pas trop ? Etait-il conscient des risques qu’il prenait ? Comme à chaque fois qu’elle s’inquiétait, son cœur se mit à battre plus fort et son regard se troubla. N’arrivant plus à lire, elle prit sur elle et se força à se concentrer sur ce qu’elle faisait. Elle jeta un coup d’œil à son fils, qui écarquillait les yeux, curieux de savoir ce qui allait arriver à Vroum-Vroum la petite voiture embourbée. Cela la fit sourire et fit baisser sa tension d’un cran.


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Après le livre, ce fut le tour des jouets, puis de nouveau un livre, et au bout d’à peu près une heure, Ryan réapparut. Louis poussa un cri de joie et se jeta dans les bras – les genoux – de son père, comme s’il ne l’avait pas vu depuis des jours. Léonor profita de ces retrouvailles pour aller enfiler des vêtements plus confortables et retourna à son ordinateur afin de reprendre le travail entrepris la veille. Aucun des expéditeurs ne s’appelait « Kérine », et le seul « K. » s’avérait être un « Kevin ». Elle était encore dans une impasse. Certes, elle aurait pu prendre un pseudo pour communiquer avec Nyls, mais premièrement, elle se demandait bien pourquoi faire vu que personne ne connaissait son existence, et deuxièmement, cela lui prendrait un temps fou de lire tous les mails. Bien qu’elle savait qu’elle le regretterait, elle attrapa son téléphone et composa un numéro qu’elle aurait préféré oublier :
« Bonjour Germain, C’est Léonor. »


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-« Alors vous êtes toujours là, constata la chef de la police en voyant la jeune femme arriver.
-« Oui Germain, et pour une fois, vous allez peut-être pouvoir m’aider à résoudre cette affaire, le taquina-t-elle. Ce qui m’étonne, c’est que vous soyez surpris. Je pensais que Maître Bonnet vous aurait sonné les cloches plus vite que ça…
-« Et qu’avez-vous fait comme bêtise pour que je me sente menacé ?
-« J’ai été à La Tour, annonça-t-elle fièrement. Et je ne suis pas mécontente d’avoir fait basculer Mathilde Bonnet dans mon camp. Une dure à cuire cette jeune fille. »
Germain parti alors d’un rire franc :
-« Ah ça oui. En revanche, ce qui n’est pas étonnant, c’est qu’elle soit allée contre la volonté de son père… Elle a toujours fait ce qu’elle a voulu cette gamine. Mais ce qui est sûr, c’est que vous lui avez plu. Sinon, elle ne vous aurait pas aidé. La tête que va faire ce bon vieux Patrick en apprenant ça, se dit-il pour lui même. Enfin… Allez, entrez Léonor, on va pas rester dehors… »
La jeune femme le suivit à l’intérieur de la maison jusqu’à un petit salon.


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Une fois qu’ils furent installés, Germain demanda :
-« Alors, qu’a bien pu vous révéler la jeune Bonnet pour que vous soyez de si bonne humeur ?
-« Eh bien pour être exacte, ce n’est pas elle qui me l’a appris. Elle m’a aidé à trouver une amie proche de Nyls. Suzanne Ebadi. Ca vous dit quelque chose ?
-« Non.
-« Eh bien cette jeune fille m’a parlé d’une certaine Kérine, avec qui il sortait. Ce prénom vous évoque-t-il quelque chose ?
-« Non plus… Et d’où sort-elle ?
-« Eh bien c’est là que ça se corse… Apparemment, ils n’avaient pas le droit de se fréquenter, donc tout ce qui tourne autour de leur relation est un peu flou. D’après ce que j’ai compris, elle comptait sur lui pour renflouer son compte en banque. Ce qui nous indique déjà que ce n’était pas dans son intérêt que Nyls disparaisse.
-« Serait-il possible qu’elle ait des problèmes financiers à cause de la drogue ?
-« Je ne sais pas, mais très honnêtement, ça m’étonnerait. On me l’a décrite comme une belle fille athlétique, sûre de ses atouts. De plus, Nyls était apparemment une personne qui prenait soin de sa santé, qui aimait aider les autres et qui était très intelligent. Tout ça mis ensemble ne donne pas quelqu’un qui paie la drogue de la femme qu’il aime.
-« Une personne amoureuse fait souvent des choses stupides, et ce quelque soit son quotient intellectuel.
-« Vous n’avez pas tort. Cependant, je pense que nous serions fixés si nous la retrouvions…
-« Vous avez un nom à me donner ?
-« Euh… Kérine Grande-brune-et-assez-athlétique, ou Kérine fille-vulgaire-qui-n’en-avait-que-pour-l e-fric-de-Nyls… Désolée, j’ai pas mieux…, finit-elle en un sourire crispé. »


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-« Mais enfin Léonor, comment voulez-vous qu’on la retrouve avec ça ?
-« Je sais déjà qu’elle est d’Atlantys. Allez, quoi… Doit pas y en avoir cent mille des Kérine brune et athlétique…
-« Et vous croyez que c’est marqué dans nos fichiers ?
-« Non, mais je compte sur vous pour user de vos pouvoirs officiels pour me trouver toutes les Kérine des salles de gym, des comptes en banque régulièrement dans le rouge, et entre 18 et 40 ans.
-« Vous n'avez pas plus grand comme fourchette ? »


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Léonor s'apprêtait à répondre quand Victorien Vasseur entra dans la pièce en chantonnant, comme s'ils n'étaient pas là. Sans s'offusquer outre mesure de ne pas avoir été saluée, la jeune femme repris :
-« Suzanne Ebadi n'a malheureusement pas pu être plus précise. Elle ne l'a vue qu'une fois, et de loin...
-« Oups !  »
C'était Victorien qui avait parlé, en réaction à sa maladresse : il venait de faire tomber l'écuelle, qui heurta le sol avec fracas. Germain lui indiquant de continuer, Léonor s'exécuta :
-« Et puis ce serait dommage de passer à coté de notre témoin à cause de préjugés... Qui nous dit que Nyls n'aimait pas les femmes mûres ?
-« Je ne dis pas le contraire, c'est juste que... »
Il ne pu terminer sa phrase, sa voix s'étant retrouvée couverte par un bruit assourdissant.


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Lorsque la jeune femme se retourna, elle vit l'aîné secouer comme un forcené une boîte de croquettes, et se mit à appeler :
-« BIJOU !  BIJOU ! 
-« Papa !  Tu vois pas qu'on discute ?
-« Mais personne ne lui donne à manger à ce pauvre chat !   Faut bien que quelqu'un s'y colle !
-« Mais tu plaisantes ? Il est gras comme tout !
-« C'est aussi ce que tu dis de moi à ta mère pour qu'elle m'empêche de manger des gâteaux ? Alors que j'suis pas gros du tout!  J'suis même svelte, tiens. »
Germain leva les yeux au ciel :
-« Très bien, très bien. Mais fais moi plaisir, continue dehors. Bref, reprit-il en s'adressant à Léonor qui commençait à être blasée, je vais m'en occuper. J'espère juste que vous n'êtes pas pressée... »


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Encore une fois, le chef de la police ne pu achever sa phrase, puisque Papi Victorien en avait décidé autrement en venant s'asseoir à coté de la jeune femme :
-« Dites, vous qui êtes une femme, vous me trouvez gros ?
-« Pas du tout. Vous êtes très bien pour votre âge.
-« Tu vois, petit insolent, lança-t-il à l'adresse de son fils. »
Puis, en se décalant d'un centimètre vers sa voisine :
-« Et vous êtes mariée, belle demoiselle ? »
Germain se leva alors, et dit :
-« J'en connais un qui est bien trop en forme pour avoir pris son traitement. Allez viens Papa.
-« J'en veux pas. Ils sont pas bons tes cachets.
-« Peut-être, mais t'aimes pas les piqures non plus. Allez, ouste. »
De mauvaise grâce, Victorien finit par se lever et suivre son fils.


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Quand elle fut seule, Léonor bascula la tête en arrière et poussa un long soupir. C'est là qu'elle aperçu deux portraits, qu'elle entreprit de regarder de plus près. Il s'agissait très certainement d'ancêtres de la famille Vasseur, et l'homme capta plus particulièrement son attention. Au retour de son hôte, elle lui posa la question :
-« C'est du à la peinture la couleur des yeux de cet homme ?
-« Pas du tout !  Cette couleur d'yeux particulière a toujours été dans notre famille. Venez voir. »


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Elle le suivit donc à travers les couloirs exigus et les petites pièces de la maison, qui était sans nul doute une des plus anciennes du Quartier. Cela lui rappela ce qu'avait dit Prys : tous regardaient dans leurs arbres généalogiques qui était le plus proche de la famille d'Atlantys. Etant donné l'ancienneté de leur habitation, et étant quasiment sûre que la famille Vasseur en avait été les premiers occupants, ne pouvait-elle pas supposer que Germain avait son mot à dire dans la course au titre ? Elle fut interrompue dans ses pensées par son hôte qui venait de pousser une porte donnant sur une chambre.
-« Mais je ne vais pas rentrer dans...
-« Allons, je sais que vous en mourrez d'envie... »
Devant l'air outré de la jeune femme, il ajouta :
-« De mettre votre nez partout voyons, pour qui me prenez-vous ? »
Il arbora alors le sourire qui agaçait tant Léonor, qui leva les yeux au ciel.


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Pas de doute, c'était bien le même regard.
-« Qui est-ce ?
-« Pryssilia Vasseur. C'est grâce à elle que je suis de ce monde.
-« C'est donc à elle que je dois adresser mes plaintes ?
-« Allons... Vous faites la dure comme ça, mais je sais que vous m'aimez bien. »
Léonor ne put s'empêcher de sourire. Puis, elle fronça les sourcils :
-« Attendez une minute... Elle avait un nom de jeune fille, ou...
-« Oui. Elle s'appellait Pryssilia d'Atlantys. »


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Une lueur éclaira les yeux de la jeune femme :
-« Dites moi une chose : seriez-vous susceptible de gouverner Atlantys une fois Irène décédée ? »
De nouveau, le chef de la police ne pu réprimer son rire franc :
-« Nan mais voilà que vous me soupçonnez maintenant !  Vous n'avez donc plus personne à vous mettre sous la dent ?
-« Répondez à la question.
-« En théorie, oui. Mais une chose est sûre, c'est qu' il faudrait d'abord qu'Alexy d'Atlantys refuse le trône. Ce qui, soit dit en passant, ne serait pas impossible...
-« Attendez une minute... Qui ?
-« Alexy d'Atlantys.
-« Mais d'où sort-il celui-là ?
-« Bah, de la branche fille d'Atlantys. »
La jeune femme attrapa alors le papier dans sa poche, celui que lui avait donné Irène d'Atlantys. 3 noms y figuraient, dont « Atlantys ».
« « C'est donc ça... » »
Percevant le brasier dans les yeux de son interlocutrice, le policier tempéra :
-« Vous n'entendez donc que ce qui vous arrange...
-« Pourquoi ?
-« Je viens de vous dire qu'il refuserait certainement.
-« J'aimerais vérifier par moi-même, si ça ne vous ennuie pas.
-« Eh bien si, figurez-vous. Allez, soupçonnez-moi, je préfère. Vous allez encore me créer des problèmes, à vouloir arrêter tout le monde.
-« Il faut bien que quelqu'un fasse votre boulot. Donnez moi son adresse. »
Devant sa mauvaise volonté, la jeune femme du insister :
-« Germain, je vais bien finir par le trouver, donc faites-moi gagner du temps.
-« Quand vous sortez de la maison, c'est la première à droite. C'est le Domaine des Rivières.
-« Merci. »
Elle tourna alors les talons, puis se ravisa :
-« Vous savez où je peux acheter un téléphone portable pas trop loin ? »

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Cela lui avait trotté dans la tête toute la matinée. Non seulement elle tenait absolument à rentrer pour déjeuner, mais elle voulait montrer à Ryan qu'elle avait bien entendu ce qu'il lui avait dit, contrairement à ce que certains disaient :
-« Alors ne crois pas que je t'achète hein, c'est juste que depuis que Louis a pris son bain avec ton téléphone, eh bien je ne pouvais plus te joindre pour te prévenir... »
Ryan ouvrit la bouche, mais elle ne le laissa pas continuer :
-« Attends, attends... Je... Ce n'est pas pour systématiser mes retards, mais c'est pour qu'on puisse mieux s'organiser. Comme ça, si tu as besoin que je rentre plus tôt, eh ben tu me le dis. Et je te promets de revenir aussi sec. Et je te promets aussi de laisser le travail sur le perron. Ah oui, et puis... Pardon pour hier... C'était idiot... »
Lorsqu'elle se tut, Ryan resta silencieux, les yeux rivés sur le paquet. Plus elle attendait sa réaction, plus elle appréhendait, plus les doutes se bousculaient dans sa tête, lui soufflant des mots comme « fin », « rupture », « trop », « tard », ...
Et puis il poussa un soupir. Un très long soupir. Il posa ensuite le paquet sur la table basse.

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Se redressant, il tendit une main, la fit glisser derrière le dos de sa femme, sur lequel il appliqua une force douce visant à la rapprocher de lui. Se sentant attirée et non plus repoussée par l'aura agressive qu'il avait dernièrement dégagée, Léonor hésita entre les rires et les pleurs de soulagement.


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Elle se jeta alors à son cou et le serra comme si elle allait tomber. Ryan resserra lui aussi son étreinte, et lui susurra des mots apaisant en finissant par :
-« Je t'aime Léo. N'en doute jamais. Même si on se dis****. Ca ne change en rien ce que j'éprouve pour toi. »


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 Après que Ryan eut ouvert son paquet et qu’ils eurent déjeuné, Léonor reprit la voiture et traversa une nouvelle fois le pont, en direction du Domaine des Rivières cette fois. Comme toutes les bâtisses de la Rive Droite, celle-ci ne dérogeait pas à la règle : imposante avec un cadre agréable.

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Ce fut une femme d’une quarantaine d’années qui vînt à sa rencontre :
-« Bonjour Madame, je m’appelle Léonor Angès et …
-« Je sais qui vous êtes, coupa-t-elle sèchement. Et je n’ai rien à vous dire.
-« En fait, c’est à M. Alexy d’Atlantys que je souhaiterais parler…
-« Mon mari n’est pas là. Mais je vous le répète, nous n’avons rien à vous dire. Nous n’avons pas besoin de fouineurs comme vous. Comme si le décès de Nyls n’était pas assez douloureux… »
Elle avait dit ces derniers mots en plantant Léonor sur place pour rentrer chez elle. Ne se laissant pas démonter, la jeune femme lui emboîta le pas.


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-« J’ai du mal à comprendre votre refus, Mme d’Atlantys, dit-elle en se faufilant à travers la porte qui n’avait pas été refermée.
-« Mais enfin…
-« N’est-ce pas dans l’intérêt de tout le monde de comprendre ce qu’il s’est exactement passé ? Coupa Léonor à son tour.
-« En nous traitant comme des criminels ? Sûrement pas !
-« Il ne tient qu’à vous de le prendre de la sorte. Tout ce qui m’intéresse, c’est de comprendre dans quel contexte Nyls d’Atlantys a trouvé la mort. Et pour cela, j’ai besoin de comprendre la mécanique de ce quartier.
-« Et moi je vous dis que je ne veux pas répondre à vos questions ! 
-« Ca tombe bien puisque c’est à votre mari que je désire parler…
-« CA SUFFIT !  Sortez maintenant ! 
-« Eh bien, eh bien, que se passe-t-il ici, demanda une femme qui venait d’apparaître, sûrement alertée par le raffut.
Lorsque Léonor se retourna, elle eut un choc. En effet, la personne qui venait d’apparaître n’est autre que Kimy Reynols, l’idole de Ryan. Sous l’effet de la surprise, sa désagréable interlocutrice lui coupa l’herbe sous le pied :
-« Cette personne est venue chercher des informations morbides sur le décès de Nyls. Les gens aujourd’hui ne respectent plus rien, demain vous allez voir, elle va revenir faire nos poubelles !  »
Ignorant complètement ces dernières paroles, Léonor se tourna vers la nouvelle venue et se présenta :
-« Bonjour Madame, je m’appelle Léonor Angès et Irène d’Atlantys m’a engagée pour découvrir les circonstances du décès de son petit-fils. Je suis consciente de la peine…
-« Ne vous inquiétez pas jeune fille, vous faites votre travail, ni plus ni moins, répondit-elle avec un regard doux. Karine, je vous sens fatiguée, pourquoi n’allez vous pas vous reposer ? »


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A ces mots, la Karine en question poussa un soupir rageur, bien que contenu, et dit, une fois à la hauteur de Léonor :
-« Vous ne perdez rien pour attendre…
-« Plaît-il ? Demanda la jeune femme d’un air innocent. Puis, s’adressant à Kimy : Pardonnez-moi, mais je ne m’attendais pas du tout à tomber sur vous ! 
-« J’ai gardé mon nom de jeune fille pour ma carrière. C’était plus simple vu que je suis dans la compétition depuis mes 9 ans. Enfin… J’étais, rajouta-t-elle avec un petit rire. »
Léonor avait l’impression d’avoir 14 ans à nouveau, car elle était complètement excitée :
« « Oh la la, quand Ryan va savoir ça !!  » »
-« Alors vous voulez en savoir plus sur Nyls c’est bien cela ?
-« Oui.
-« Eh bien suivez-moi, nous n’allons pas rester debout. »


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Kimy l’emmena dans une pièce richement décorée et dont les murs arboraient de nombreux portraits. Léonor nota une différence dans leur agencement par rapport au Domaine d’Atlantys. Ici, ils étaient présentés par couple et cela traduisait un état d’esprit beaucoup moins archaïque, étant donné le fait que les femmes étaient autant mises en valeur que les hommes. Une fois qu’elle furent toutes deux installées, Léonor commença :
-« Vous êtes donc mariée à un membre de la famille d’Atlantys ?
-« Oui, Charly.
-« Et qui était Nyls pour vous ?
-« On porte le même nom, mais notre lien de parenté remonte à très longtemps. Nous ne nous fréquentions pas beaucoup, pour plusieurs raisons : la première est que les deux familles d’Atlantys ne se considèrent plus comme de la même famille depuis des générations, tant le lien les unissant est éloigné. Ensuite, nos deux familles ont une approche de la vie assez différente, sûrement du au fait que nous nous n’avons pas les mêmes responsabilités. Et puis en raison de ce que Nyls a vécu, il a passé son adolescence replié sur lui-même. On ne le voyait pas beaucoup.
-« Alors avant de continuer, je veux vous assurer que j’ai énormément de respect pour vous, mais que je suis obligée de poser la question… Est-ce que vous seriez susceptible, vous ou quelqu’un de votre famille, d’accéder à la gérance du Quartier ? »
Kimy ne répondit pas. A la place, elle fixait la jeune femme, comme si elle réfléchissait à quelque chose…
« « Allez Kimy, répondez… Ne me laissez pas vous soupçonner… » »


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-« Je sais !  S’exclama la vieille dame, dont le ton fit faire un bon de 10 cm à Léonor sur son fauteuil. Angès !  Comme Ryan Angès ?
-« Oui… Répondit la jeune femme, stupéfaite devant ce changement de sujet.
-« Depuis tout à l’heure votre nom me disait quelque chose, mais pas moyen de mettre un visage dessus… Ryan Angès !  Qu’est-il devenu ? Il s’était blessé non ? Ca va mieux ?
-« Eh bien… Euh… Oui, ça va mieux…
-« Ah !  Mais il joue dans quelle équipe ?
-« Aucune.
-« Ah bon ? Mais comment ça se fait ?
-« Je euh…
-« Nan attendez, vous savez quoi ? Venez dîner tous les deux demain soir à la maison. Il faut absolument que je le rencontre. Un jeune homme avec un tel talent !  »

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-« Mais…
-« Pas de mais !  Ca me fait vraiment plaisir, et en plus ça me fera une occasion de mettre une robe qu’on m’a fait payer une fortune pour une seule cérémonie. A moins que vous ayez déjà quelque chose de prévu ?
-« Non…
-« Tant mieux.
-« Eh bien merci… »
Léonor fit alors le plus beau sourire qu’elle pouvait faire, étant donné les circonstances.
« « Petit 1 : elle vient de me faire une jolie pirouette, et petit 2 : merci de nous inviter pour 2h de remuage de couteau dans la plaie, au bas mot. Je déteste les soi-disant cadeaux de mes suspects potentiels. Une omelette, un dîner, … Avec quoi on va essayer de m’acheter la prochaine fois ? » »


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Kimy se leva et tendit une main qui se voulait certainement amicale, mais qui fut perçue tout autrement par l’enquêtrice. En se levant à son tour, un détail dans le tableau sur sa gauche attira son attention. Après avoir saisi la main de son hôte, elle se tourna vers la peinture :
-« Quel est le lien entre Pryssilia d’Atlantys et cette femme ?
-« La peinture représente Léopoldine des Rivières, qui s’est mariée à un des fils d’Eve d’Atlantys, de qui elle a eu deux enfants, dont Pryssilia. »
Léonor poussa un petit soupir : tous ces noms commençaient à se mélanger dans sa tête.
-« Y’a-t-il un endroit où je puisse consulter la généalogie du Quartier ?
-« C’est la famille Plaines qui détient tous les livres. Malheureusement, je ne crois pas qu’ils soient consultables… »
« «Ben voyons… » »
-« Pourquoi ?
-« Ca, il faudra le demander à Romin des Plaines… »


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Léonor avait pris congé après ces paroles, et l’attitude de son hôte l’avait rendue encore plus perplexe. En effet, Kimy, en lui serrant de nouveau la main sur le perron, avait posé sa main libre par-dessus celle de la jeune femme, et ce de manière très chaleureuse. Cela la rendait horriblement sympathique. Elle se retrouvait donc vendredi soir devant un terrible dilemme : d’un coté, il y avait Ryan, qu’elle imaginait des étoiles pleins les yeux devant son idole, et la possibilité de développer une certaine complicité qui pourrait bien s’avérer utile. Mais, de l’autre coté, il y avait aussi Ryan qui devrait revenir sur une histoire qui lui a fait beaucoup de mal et dont il ne s’était toujours pas sorti, et le risque de se voir faire manipuler par Kimy sans s’en rendre compte. Sa tête était sur le point d’exploser quand quelqu’un sonna à la porte. Léonor regarda l’heure du lecteur DVD : 22h39.
« « Mais qui peut bien sonner à une heure pareille. » »


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« « Nan mais c’est pas possible…»
Décidément, Papi Victorien avait un vrai problème avec son traitement.


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